Pour sa dixième édition, le Salon Equip Auto prouve que la promesse édifiée en 2006 a été tenue : il devait être le rendez-vous de la filière, il l’est devenu, non sans quelques aléas qui font sourire aujourd’hui…
Parmi les organisateurs de grands salons internationaux, il n’en est pas un pour renier l’importance et la nécessité d’un salon national de l’après-vente annuel ou biannuel, selon les besoins du ou des marchés. Et quand le salon national s’offre une résonnance sur une plus grande région du monde, c’est encore plus vrai. Il y a dix ans, l’après- vente dans le Maghreb n’existait pas.
Enfin, si, mais pas comme on l’entend ordinairement. Dans la luxurieuse jungle de l’automobile, seul le produit avait droit de cité, seul le concessionnaire et surtout le vendeur de véhicules neufs bénéficiait d’une reconnaissance, qu’accompagnait une rémunération à la hauteur. Le mécanicien, le réparateur ou le carrossier n’avaient pas besoin qu’on s’intéresse à eux (pensait-on), parce que leur travail se déroulait dans des conditions peu enviables, et surtout les marges que l’on s’octroyait sur les véhicules neufs justifiaient, à elles seules, qu’on stimulât le commercial au détriment du mécanicien.
Maintenant que l’appareil de diagnostic du réparateur (on dit opérateur) est devenu plus sophistiqué que le PC du commercial, le regard que l’on porte au mécano’ change. Maintenant que ce même outil exige des savoir-faire, certes différents, mais exigeant de fortes compétences, l’appréciation du travail du mécano’ s’évalue autrement. Maintenant que cet instrument, bien utilisé se veut plus vendeur et générateur que la vente de certains véhicules (surtout quand le produit se raréfie..), le mécano’ revient au centre des préoccupations de tout chef d’entreprise un peu lucide. Equip Auto Algeria a été le terreau de cette évolution, en mettant l’univers de la rechange sous les feux de la rampe.
Une progression constante
Avec 350 entreprises exposant au Palais des expositions, Equip Auto Algeria a encore pris 11 % de croissance depuis l’an dernier, tout en accueillant toujours plus d’internationaux (80 % des exposants venus de 20 pays), preuve, s’il en était besoin, que le marché de l’Algérie d’une part et celui du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne passionnent les équipementiers du monde entier. C’est sur Equip Auto Algeria, en effet, ce salon ciselé par un directeur inspiré et efficace, Nabil Bey Boumezrag, que se découvrent les stratégies des grands acteurs de la pièce et de l’équipement : il n’y a pas d’autre salon de cette envergure ailleurs dans le Maghreb, le lieu d’échanges entre professionnels est donc bien là.
Et nous parlons forcément d’échanges puisque les exposants algériens affichent, également, une présence, correspondant à près de 50 % de la surface d’exposition! Leurs objectifs se veulent multiples, rencontrer leurs clients nationaux et internationaux, envisager de nouvelles pistes d’export, cibler les fournisseurs nouveaux, engager des pourparlers avec les équipementiers pour créer des co-entreprises en vue de faire de la sous-traitance locale, etc. La cohabitation avec les pavillons étrangers officiels, comme la Chine, la France, le Maroc, la Pologne, Taïwan, la Tunisie ou encore l’Inde, favorisant ces rapprochements. Le fait que l’Algérie soit le deuxième plus grand marché automobile d’Afrique après l’Afrique du Sud n’étant pas étranger à ce bouillonnement. Et l’actualité va dans ce sens…
L’industrie automobile en pleine expansion
L’annonce de l’installation d’un site de construction automobile Renault avait été abondamment commentée dans les allées d’Equip Auto, certains journalistes craignant même que le projet n’aille pas jusqu’au bout, que c’était un effet d’Oran. Aujourd’hui, ce sont les constructeurs PSA Peugeot Citroën et Volkswagen qui sont pressentis pour s’installer en Algérie, quand Hyundai termine son propre site de production et qu’Iveco, Daimler et d’autres constructeurs de PL, bus, remorques et cars poursuivent leur développement dans ce pays. Devenir sous-traitant, oui, mais comment, étant de plus en plus d’actualité, Equip Auto devient la plate-forme idéale pour apporter des réponses à cette question.
De la même façon, les décisions gouvernementales portant sur la limitation de l’importation des véhicules neufs (comme ce qui a été fait pour le véhicule d’occasion) éclairent d’un jour nouveau les besoins en après-vente automobile : la durée de vie des véhicules s’allongeant, la nécessité d’une maintenant et d’interventions de rechange s’impose naturellement. Mais les deux marchés coexistant, parc ancien d’un côté, et véhicules récents bourrés de technologie et d’électronique de l’autre, il importe que la filière se professionnalise rapidement désormais.
Il s’agit de former des jeunes, non seulement à la technologie, mais surtout aux raisons d’un choix : une pièce détachée automobile intervient, qu’on le veuille ou non, dans la sécurité de l’automobiliste et même du réparateur. Même et souvent la plus anodine par l’effet de chaîne qu’elle représente dans le système. Les réparateurs doivent en tenir compte. Les meilleurs équipementiers du monde seront sur Equip Auto, c’est cela, aussi, le sens de la responsabilité. En clair, manquer Equip Auto, c’est passer à côté de bien des opportunités et des grands enjeux de l’après-vente de demain.
Hervé Daigueperce
