Verbatim, Nabhen Bouchaala, Président de Tunisia Automotive Association

Date:

Véritable animateur premium du salon, Nabhen Bouchaala a, non seulement, œuvré en amont pour que le salon soit une réussite et draine autant de décideurs de l’automobile (TAA a été véritablement moteur grâce à une mobilisation colossale de ses membres), mais a, également, piloté la venue du Ministre de l’Industrie et des PMEs, Slim Feriani et celle de Mehdi Jomaa, Chef du gouvernement en 2014 et 2015 (après avoir été ministre de l’industrie). Investi auprès des professionnels et des étudiants dans les tables rondes de T.A.A. et du Cetime, Nabhen Bouchaala a pris la parole à plusieurs reprises. En voici quelques extraits.

Puissance de feu

Le secteur automobile est riche aujourd’hui de 270 entreprises industrielles générant 90 000 emplois, représentant quelque 6 % du PIB. Nous comptons 4,2 milliards d’euros d’exportation dans ce secteur, une position que le gouvernement compte bien soutenir davantage en ayant déclaré ce secteur prioritaire et « à développer ». Deux étapes, l’état des lieux et les actions à mener ont forcément mobilisé et fédéré les entreprises du secteur. Dans cette perspective, il devenait impératif que les entreprises coopèrent avec les institutions publiques (et également avec le Cetime) pour évoluer dans un environnement favorable, accompagner nombre de projets en cours et à venir, encourager les investisseurs à développer des sites et des centres et de recherches, créer des relations avec la Fipa, le Cepex, l’Unica pour promouvoir le secteur, c’est ainsi que T.A.A. est né.

T.A.A. une association active, constructive, et force de proposition

Il n’existe de possibilité de développement que si nous travaillons ensemble dans un même objectif. C’est ainsi que Tunisia Automotive Association a vu le jour en 2016, regroupant 46 entreprises sur les 270 que j’ai citées, et représentant 80 % du secteur automotive. Ce qui signifie que les plus grandes sont présentes, un atout pour pouvoir défendre les acteurs de la profession, tous les acteurs. Notre objectif, en effet, consiste à soutenir les entreprises face aux menaces relevées à tous les niveaux, y compris face à l’administration tunisienne. Chaque année, lors de l’édification de la loi de finances, nous devons être vigilants pour pouvoir défendre les intérêts de nos adhérents. Cela est devenu plus facile depuis que nous avons assisté à un véritable changement de paradigme de la part de l’administration, dont nous profitons tous, gouvernement et filière automobile. En effet, jusqu’il y a peu, l’administration définissait la stratégie et nous subissions, nous n’étions pas décisionnaires et notre seule participation était à la marge. Aujourd’hui, tout a été modifié, la stratégie est définie par le métier, par les professionnels du secteur. Cette avancée nous a permis de nous lancer dans la préparation d’un pacte d’accords entre public et privé destiné à atteindre les 9 à 10 % du PIB. Le secteur automobile passerait alors devant le tourisme et l’agriculture, et nous passerions de 86 000 emplois à 120 000 !

Ressources humaines

Notre secteur, depuis longtemps, s’appuie sur les opérateurs et sur les ingénieurs. Sur les 86 000 emplois que le secteur génère, 15 % sont occupés par des ingénieurs. Et il ne faut pas croire que les groupes internationaux ne viennent ici que pour employer de la main d’œuvre non qualifiée. Chez Leoni, par exemple,
160 ingénieurs travaillent, ici, sur des projets du groupe dans le monde entier. Du côté de Kronberg & Schubert, le groupe passe de 100 ingénieurs à 180 dans le cadre de leurs sites tunisiens. Des centres de recherche et de développement sont ainsi implantés sur notre sol. D’ailleurs, il nous faut formuler une crainte, c’est que nos ingénieurs soient attirés vers les emplois en Europe. Ce serait très dommage car les groupes internationaux peuvent très bien donner toutes leurs chances aux jeunes ingénieurs tunisiens en leur permettant de travailler à haut niveau en Tunisie.

L’Académie Automotive

La formation de nos jeunes ingénieurs et techniciens supérieurs doit encore être poussée et c’est pourquoi le développement d’un centre d’études automobiles, dans lequel seront formés 140 techniciens automobiles, aura pour débouché, pour objectif global, l’émergence d’une branche automobile « automotive ». En clair, nous irons au-delà de la formation classique électrique ou mécanique pour nous diriger vers le secteur automotive dans toutes ses composantes, et son environnement, vers une Automotive Academy.

La révolution du secteur automobile

Nous devons dépasser les connaissances du secteur traditionnel parce que dans
20 ans, le moteur Diesel n’existera peut-être plus. Dès aujourd’hui, les véhicules hybrides et électriques commencent à sortir des usines. Il faut donc penser à changer la formation de nos ingénieurs. Au-delà du moteur, les véhicules eux-mêmes sont en train de muter, vers plus de connectivité, vers l’autonomie, des nouvelles technologies sont en train de se mettre en place (le seul frein vient du juridique dans le cas du véhicule autonome), ce qui signifie que nous devons encore plus travailler sur le secteur des logiciels, des applications, des nouvelles technologies de contrôle. Nous avons les professionnels de ces questions en Tunisie et d’autres doivent les rejoindre. La formation professionnelle est capitale.

Vers la construction des nouveaux véhicules

Assembler des véhicules traditionnels peut être une solution, de même que créer des sites de construction de petites unités. Mais, on peut envisager d’autres solutions comme la construction de véhicules électriques connectés. Il existe une grande opportunité pour la Tunisie au vu de ses capacités technologiques et de son savoir-faire en ingénierie ; Comme tout le monde démarre sur ces nouvelles technologies, notre pays a toutes les capacités et la légitimité pour accueillir de nouveaux investisseurs dans ces domaines.

  Hervé Daigueperce

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_img
spot_img
spot_img

Articles similaires
Related

Automotive Academy s’ancre dans le paysage de la formation professionnelle

Avec le retour de l’importation de véhicules de plusieurs...

EQUIP AUTO ALGER : C’est parti !

Suite à une modification de planning de la SAFEX...

SIVEHA, nouveau salon de l’auto à ORAN

1ère édition du salon des véhicules thermiques, électriques et...

30 demandes d’installation d’usines reçues !

Selon APS, Algérie Presse Service, que nous citons intégralement :« Trente...