Nadir Bouabbas, Vice-Président de la CAP, Confédération Algérienne du Patronat

Date:

Pouvez-vous nous présenter la CAP, Confédération Algérienne du Patronat ?

Tout d’abord, il nous faut parler de la spécificité de l’Algérie au niveau de la confédération patronale, par rapport à ses voisins du Maghreb. Au Maroc comme en Tunisie, il n’existe qu’une confédération patronale, quasi institutionnelle et subventionnée par l’Etat, subventions auxquelles s’ajoutent les adhésions, les dons et autres ressources. En Algérie, lorsqu’il fut question d’ouverture vers le privé, nous avons voulu que les différentes sensibilités s’expriment et c’est pourquoi cinq confédérations patronales ont vu le jour. Si l’on ne peut pas parler de spécialisation, on reconnaît néanmoins que chacune d’entre elles dispose de secteurs bien définis. Ces cinq Confédérations ont un agrément, conformément à la loi régissant le mouvement associatif. Je place à part le FCE, qui s’apparente plus à un club des entrepreneurs qu’à une Confédération.

En quoi la CAP se distingue-t-elle ?

Des cinq confédérations, la CAP est la seule à bénéficier de l’agrément du Ministère du Travail et des Affaires sociales, agrément qui nous confère le statut d’organisme socio professionnel. Ce deuxième agrément nous autorise à regrouper 15 fédérations qui ont été élargies à 17, aujourd’hui. Pour mémoire, les trois autres confédérations sont la CGEA (Confédération Générale des Entrepreneurs Algériens), la CIPA (Confédération Industrielle des Professionnels des Aromes), la CNPA (Confédération Nationale du Patronat Algérien) et la SEVE (confédération patronale de femmes chefs d’entreprises). Contrairement aux autres, nous sommes représentés dans les 48 wilaya, où nous disposons d’un bureau, et d’un président accrédité par la Bureau Exécutif National. C’est pourquoi, nous pouvons aider et accompagner un grand nombre de professionnels, parce que nous les connaissons.

Autre point majeur de notre organisation à signaler, nous sommes signataires du pacte économique et social. Chaque année, en effet, se réunit une tripartite entre le gouvernement, le syndicat des travailleurs (UGTA) et le patronat dont nous faisons partie afin de réviser le pacte National de croissance économique et social. Cela signifie que nous pouvons nous opposer à certaines propositions de l’Etat ou, à l’inverse faire des propositions.  C’est ainsi que sur un sujet comme le do it business Algeria, par exemple, nous participons à la prise de décision. A noter que les réunions de la Tripartite   changent de Wilaya chaque année conformément aux décisions du Gouvernement et dans le souci de se rapprocher de toutes les forces du Pays.

Vous évoquiez un grand nombre de fédérations, quels sont leurs secteurs d’activité ?

De très nombreux secteurs sont concernés, des services jusqu’aux hydrocarbures, en passant par le bois, la métallurgie, les équipements de la santé, l’agriculture, l’agroalimentaire, les grossistes… C’est pourquoi, nous sommes tant sollicités par les ambassades qui souhaitent relayer les informations de leurs ressortissants, et constituer des groupes de professionnels algériens pour organiser des rencontres. En outre, notre maillage territorial est optimal. Nous «privilégions», si l’on peut dire, les opérateurs de l’intérieur par rapport à ceux de l’Algérois, parce ces derniers sont avantagés en termes d’informations par rapport aux acteurs des régions les plus reculées. Par exemple, pour Automechanika Francfort de 2016, nous avons invité en priorité les professionnels d’El EulMa dans la Wilaya de Sétif, qui comprend beaucoup de professionnels de l’automobile, de distributeurs de pièces de rechange.

Les distributeurs de la Wilaya d’Ouargla, distributeur de pneumatiques pour les engins et les TP, etc. n’ont pas été en reste.

Quelle définition donnez-vous du rôle de la CAP ?

La CAP a pour mission principale la défense des intérêts des entreprises privées ainsi que l’accompagnement et la valorisation du développement de ses adhérents (voir page suivante, ndlr). Et cela passe par bien des aspects. Beaucoup seraient surpris que nous ayons signé des conventions de partenariats avec des fédérations étrangères comme la FNTP (pour le bâtiment) en France et d’autres en Espagne, au Portugal, en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg ou encore à Malte.

Pourriez-vous nous donner un exemple du soutien que vous apportez aux entreprises membres ?

Nous avons été sollicités par les distributeurs d’équipements médicaux dont la marchandise était bloquée au port pour des raisons administratives liées à un étiquetage posant problème. Chaque professionnel avait, au préalable, écrit au Ministère, mais cela était resté sans effet. Or, ces professionnels livraient les hôpitaux les maisons de santé, les médecins, etc. Nous avons, alors, constitué un dossier global, demandé une audience au Ministère et exposé le problème, qui a été résolu, parce que nous représentions une force, parce que nous parlions d’une seule voix, au nom de de nombreux professionnels. Nous représentons plusieurs professionnels et, à ce titre nous sommes écoutés. Notre objectif consiste déjà à raccourcir les lenteurs administratives. Je tiens à rappeler, même si c’est une évidence, que nous n’intervenons que dans le respect de la loi, pour faire en sorte qu’elle soit appliquée strictement. Nous pouvons vous citer plusieurs exemples dans différents secteurs (Station de services -octroi de terrains à vocation agricole etc.…). Nous ne remportons pas toujours rapidement le succès de nos actions mais, globalement, ce que nous représentons permet de faire avancer les choses ou d’alerter les responsables concernés.

Combien d’adhérents compte la CAP et quelles sont vos ressources ?

Le chiffre avoisine le millier d’adhérents et leurs cotisations, de l’ordre de 110 euros par an, constituent la plus grande part de nos ressources. Il arrive que nous ayons des dons de la part d’entreprises, en guise de remerciements pour les actions que nous avons menées pour elles. Le profil de nos entreprises se définit surtout par des PME et des TPE. Et je dois ajouter que nous sommes fiers de voir dans nos rangs une fédération de start-ups, exerçant essentiellement dans les domaines de l’informatique et de l’éthique.

Quelles sont vos fédérations les plus fortes et comptez-vous l’automobile comme secteur d’une fédération ?

En tête arrive la fédération des métiers du bâtiment, le BTBH puis l’ISMEE, pour les industries sidérurgiques, électricité, électroniques. Quant à l’automobile, elle est bien représentée par la fédération de la mécanique et de la pièce de rechange. Toutes ces fédérations sont internes en quelque sorte, en ce sens qu’elles ne travaillent pas seules mais avec la direction Nationale de la CAP et qu’elles ne peuvent pas éditer de communiqués, par exemple, directement. Les fédérations sont libres d’agir dans leurs domaines respectifs, avec l’appui du Bureau Exécutif National présidé par Monsieur Boualem M’Rakach, Président de la CAP, dans l’esprit démocratique.

La fédération dédiée à l’automobile doit compter une bonne centaine de professionnels, essentiellement des distributeurs.

Qu’attendent de la CAP les distributeurs ?

Nous venons d’assister à la présentation du salon Automechanika de Francfort et nous avons discuté avec l’organisateur pour favoriser les visites de nos adhérents. C’est le type de prestations qu’ils recherchent chez nous, la simplification des démarches. Cela vaut également pour les visas et les différents documents administratifs. Sinon, je dois reconnaitre que leur métier consistant à importer des pièces, ils n’ont pas besoin de nous pour aller faire leur marché ! L’offre est en deçà de la demande.

Vous avez également des fabricants, – dont le nombre devrait augmenter ?

Nous avons également des fabricants et je peux vous donner un exemple d’une action que nous avons réalisée pour aider un fabricant de batteries des environs de Rouiba (nous ne donnerons pas le nom, ndlr) à qui l’on a demandé de délocaliser son bâtiment. Saisis par notre adhérent, nous avons mené une enquête via un expert qui a déterminé que l’activité en question ne posait en aucun cas un danger pour l’environnement. En conséquence de quoi, suite à notre démarche, une solution a été trouvée et notre opérateur a pu poursuivre son activité. Si l’on devait résumer notre mission, on pourrait dire que notre travail consiste surtout à débloquer des situations et à demander des accords et des facilitations auprès des institutions concernés !

Est-ce que la CAP intervient dans le domaine de l’export ?

Algex, un organisme sous tutelle du Ministère de l’Industrie, est en charge de la mise en place des mécanismes à l’exportation. Dans notre confédération, les quelques exportateurs que nous avons sont suffisamment puissants et exportent depuis longtemps. Nous avons eu, néanmoins, une demande d’un exportateur de dattes pour que nous l’aidions à sortir des périodes de vente habituelles, pour intéresser les européens en dehors des périodes de fête. Nous y travaillons mais il est difficile de vendre des produits algériens, à l’export, en Europe.

   Propos recueillis par Hervé Daigueperce

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_img
spot_img
spot_img

Articles similaires
Related

Automotive Academy s’ancre dans le paysage de la formation professionnelle

Avec le retour de l’importation de véhicules de plusieurs...

EQUIP AUTO ALGER : C’est parti !

Suite à une modification de planning de la SAFEX...

SIVEHA, nouveau salon de l’auto à ORAN

1ère édition du salon des véhicules thermiques, électriques et...

30 demandes d’installation d’usines reçues !

Selon APS, Algérie Presse Service, que nous citons intégralement :« Trente...