Interview de Samuel Denos, directeur général de Deer « Le marché algérien de l’alternateur démarreur dépend intégralement des importations »

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Alors qu’en Europe, l’échange standard domine très largement le marché des alternateurs démarreurs, en Algérie, c’est tout le contraire. On préfère réparer et remplacer une pièce défectueuse plutôt que de rénover. Le point sur un marché à part avec la société Deer, spécialiste incontesté de l’alternateur et du démarreur, très porté sur l’export.

Pouvez-vous nous présenter la société Deer ?

3Deer est un spécialiste de l’alternateur, du démarreur et de la batterie. Nous sommes basés à Bruxelles, en Belgique et nous exportons nos produits dans le monde entier. Nous distribuons tous les grands équipementiers représentatifs de ces produits, à savoir Delco Remy, Mahle, Bosch, Valeo, Mitsubishi Electric, etc. Nous avons également notre propre marque Everkraft… Ce qui nous permet d’être en mesure de proposer à nos clients pas loin de 10 000 références. Nous avons également notre propre atelier de pièces électriques dernière génération pour la réparation et la rénovation sur les alternateurs et les démarreurs. Enfin, notre équipe est réellement spécialisée dans le domaine de la machine tournante, comme on le dit dans le jargon automobile.


Où se situe le marché des alternateurs démarreurs en Algérie ?

C’est un marché un peu différent du marché français, ou en tout cas européen car il a été envahi, ces dernières années, par les produits chinois. Mais l’Algérie a ceci de particulier que dès qu’un marché ou un produit touche à l’industrie, les algériens préfèrent travailler avec des acteurs reconnus. De fait, il y a sur place un marché de la pièce détachée électronique assez dynamique pour la réparation de l’alternateur démarreur. Car en Algérie, on répare alors que c’est nettement moins le cas en Europe, d’autant qu’il y a encore, sur ce marché d’Afrique du Nord, des compétences pour effectuer ce genre d’opérations. C’est beaucoup moins le cas chez nous.

L’Algérie est dotée d’une industrie forte, c’est un pays en perpétuelle évolution… c’est ce qui la rend aussi différente des autres pays du Maghreb.

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Quelle est la part de l’échange standard sur cette famille de produit en Algérie ?

La proportion d’échange standard y est, à ma connaissance, assez faible, car il n’existe pas d’usine de rénovation des alternateurs démarreurs en Algérie. Donc si je devais donner un chiffre, je dirais que 95 % du marché est détenu par des produits neufs. En revanche, c’est un marché sur lequel on répare beaucoup par petites touches. Si je devais vous donner une image je dirais qu’en Algérie, si vous avez un pneu crevé, vous mettez une mèche, alors que s’il s’agissait de faire de l’échange standard, on changerait les 4 pneus !

A titre de comparaison, en France, nous devons être à peu près à 65 % d’échange standard car tous les grands acteurs de ces produits (Bosch, Delco Remy, Valeo, etc.) en font.

Quelle importance ont les importations sur ces produits ?

A vrai dire, contrairement aux batteries pour lesquelles il y a une dizaine de producteurs locaux, le marché algérien de l’alternateur démarreur dépend intégralement des importations. On y trouve tous les composants nécessaires aux réparations, allant des relais aux jeux de charbons en passant par les lanceurs pour la partie démarreur, et également, des régulateurs, des poulis, etc. pour la partie alternateur.

Ceci dit, beaucoup de chinois importent ces produits. De fait, sur la partie automobile, on retrouve beaucoup de pièces chinoises. Un peu moins sur les camions par exemple.

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Quelles sont les fluctuations du marché des alternateurs démarreurs en Europe ?

C’est un marché qui évolue peu en quantité car les ventes sont assez stables sur la rechange. En revanche, il évolue en chiffre d’affaires car ce sont des produits qui sont de plus en plus technologiques et, par voie de conséquence, de plus en plus chers. Mais je vais difficilement pouvoir vous donner de chiffres précis dans la mesure où aucune fédération de chapote ce marché !

Et en Algérie ?

En Algérie, c’est bien simple, tout monte en flèche ! Depuis plusieurs années déjà, le parc automobile est en développement ce qui implique des taux de remplacement plus importants. Alors évidemment, nous sommes loin des résultats du frein ou de l’amortisseur, d’autant que l’alternateur démarreur a une durée de vie de 7 ans en moyenne.


Revenons en Europe : comment voyez-vous le marché évoluer à court terme ?4

C’est un marché que je vois évoluer vers une baisse très notable des réparations. Aujourd’hui, et de plus en plus, on ne cherche pas à réparer la pièce défectueuse, on la remplace, purement et simplement. Pourquoi ? Parce que la concurrence chinoise a considérablement fait baisser les prix. Nous notons également que la tendance est à la baisse sur l’échange standard. Et ce pour les mêmes raisons que pour le remplacement : la concurrence chinoise. Aujourd’hui, vous trouvez sur le marché des alternateurs démarreurs, des produits neufs à des prix défiants toute concurrence. Alors bien sûr, tout ceci est assez fluctuant, d’autant que les taxes de douane, par exemple font grimper les prix. Par ricochets, les produits venant de Chine sont tout même un peu plus chers qu’il y a quelques années, mais ils restent encore très compétitifs.

Mais ces produits chinois qui prennent de l’ampleur sur le marché sont-ils réellement de bonne qualité ?

C’est simple. En Chine, il n’y a pas loin de 800 usines de fabrication d’alternateurs et de démarreurs. Il y a donc de tout. Mais généralement, les usines qui produisent pour le marché local fournissent des pièces de piètre qualité. Et les usines qui fabriquent pour le marché européen, elles, font plutôt de la bonne qualité. Finalement, tout ceci est très comparable au marché des téléviseurs. Que vous achetiez une télévision à un prix très concurrentiel en supermarché avec une marque peu connue ou que vous achetiez, forcément plus cher, la dernière Panasonic dans un magasin spécialisé… Les deux produits ont pourtant été fabriqués en Chine. Mais la différence, c’est la qualité de fabrication. La seconde répond sans doute à des exigences de qualité beaucoup plus drastique…

Propos recueillis par Ambre Delage

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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