Cela a commencé par un joyeux bazar comme à l’accoutumée, et déjà cela était rassurant ! Traditionnellement, en effet, les importateurs algériens finissent la construction de leur stand hagards et livides aux plus petites heures de la matinée du premier jour du salon, permettant aux visiteurs d’entendre encore quelques coups de marteaux ou des stridences de perceuses égayer les allées du salon au grand dam de l’organisateur et des managers concernés par la construction de leurs stands – je vous rassure, celui d’Algérie Rechange était prêt, il faut dire qu’il était un peu frugal, les occupants préférant aller voir les exposants chez eux ! Parallèlement, les exposants internationaux, notamment venus des pays asiatiques (plus de la moitié de l’ensemble) cherchaient encore quelques palettes bloquées en douane, tandis qu’une dernière main était mise à l’installation de la salle des conférences. Jusque-là, rien que de très normal et je dirais, participant au folklore, un folklore qui n’augure absolument pas d’une édition peu professionnelle, loin de là. Rappelons que dans chaque salon professionnel (même dans les plus grands, de semblables mésaventures ont raison des nerfs des plus germaniques des organisateurs…).
Un rythme de conférences hallucinant
Comme chaque année, ce sont les tables rondes* qui ont été les plus chahutées et cette fois-ci pour la bonne cause, si l’on peut dire ! Alors que la première conférence devait s’ouvrir sur le sujet des problèmes d’approvisionnement devant un parterre de journalistes imposant, un changement d’horaire de la signature de la convention entre Automotive Academy (voir texte en p 9) et le Ministère de la Formation Professionnelle a malencontreusement mis en concurrence les deux événements, prenant les intervenants d’un côté, privant les journalistes d’une signature de l’autre. Des compromis ont bien eu lieu – merci à Sami Larbes et ses invités – alors que l’accueil spécifique réservé par Motrio à ses nouveaux fournisseurs nationaux (voir page 14), Fabcom et Dedax, finissait d’ôter toute structure aux conférences par le retard systémique de ce type de manifestations (Au grand désespoir de la responsable de communication qu’on félicite pour sa réactivité et sa capacité à gérer les aléas d’un salon) ! Les conférences se sont pourtant bien déroulées et ont même donné lieu à des échanges de grande qualité grâce aux professionnels de la pièce algériens (comme Mohammed Siad, Saïd Mansour, Sadek Khenteur…) délaissant quelque temps leurs autres obligations pour répondre aux (très)nombreuses questions des auditeurs sur la question de la fabrication locale, de l’économie circulaire ou encore de la vente en ligne. Ce dernier sujet étant judicieusement traité par Madame Hind Benghanem, directrice générale de CarOpti et par Monsieur Mohamed Taxena, directeur général de pimarket.dz ; Madame Allali Ghada de Das Automotive ayant dû décliner au dernier moment l’invitation suite à des problèmes aériens. En clair, même si les conférences ont eu lieu dans un ordre aléatoire, elles ont rempli leur fonction d’information pendant que les visiteurs commençaient à affluer.
Offrant une pause bienvenue entre les tables rondes, la présentation d’Equip Auto Lyon a permis à tous d’inscrire les dates de la manifestation sur leurs tablettes, soit du 28 au 30 septembre 2023, à Eurexpo Lyon. Animée par la directrice du salon, Aurélie Jouve, la conférence a mis l’accent sur la spécificité de cet événement à commencer par la décision d’exposer en commun avec le Salon Automobile de Lyon donnant une vraie visibilité aux derniers véhicules de la quasi-totalité des marques. Le programme d’Equip Auto Lyon étant particulièrement riche, les deux événements offriront une vraie plateforme dédiée à l’automobile, à l’après-vente automobile et aux dernières technologies, énergies, motorisations et donc problématiques et solutions. A lire en début du magazine.
Une belle affluence
Il faut retenir deux choses de cette édition, d’une part une forte affluence de gens intéressés et intéressants pour reprendre une formule d’un exposant que vous retrouverez dans le journal, et d’autre part, un enthousiasme chaleureux, servant à merveille la convivialité habituelle du salon. Bien des annonces avaient eu lieu procurant de sérieux espoirs d’une plus grande facilité d’importation de toutes natures, mais, surtout, c’est l’acceptation de dossiers ALGEX, autorisant nombre d’importations de pièces et d’équipements, qui avait boosté les professionnels. En tête, les sociétés d’équipements de garage et d’outillages, revigorées par les récentes autorisations d’importations de véhicules de plus de trois ans, dont le corollaire, – plus de contrôles techniques – n’était pas anodin. Pour les distributeurs de pièces, le fait de rentrer des stocks avait valeur d’un puisant soulagement, leur offrant le moyen de satisfaire leurs clients, dont certains commençaient à être inquiets.
Parallèlement, il fallait noter un soin particulier apporté à la fabrication des stands et aux animations des uns et des autres. Beaucoup de stands n’avaient rien à envier à ceux des grands salons internationaux, aux dires de leurs représentants venus nombreux. A propos de ceux-ci, nous ne résistons pas à rappeler le souhait de Nabil Bey Boumezrag, le directeur du salon, de les voir exposer en propre même s’ils aident leurs distributeurs à venir sur Equip Auto Alger. Voilà, le message est passé. Autre élément à signaler, chez nombre d’exposants la question de la digitalisation et de la vente en ligne s’invitait dans nombre de conversations, de même que celle de la fabrication nationale. D’ailleurs, plusieurs fabricants nationaux étaient présents avec des offres de plus en plus sérieuses, et le fait que Motrio ait annoncé vouloir augmenter la part des fabricants nationaux dans son offre produits « Motrio » a renforcé les ambitions des producteurs algériens. Côté digitalisation, cela reste timide, mais l’irruption prochaine des grands groupes internationaux fera émerger plus vite qu’on ne le croit les acteurs locaux, dont certains sont déjà prêts, attendant un coup de pouce du gouvernemental validant ce commerce et facilitant les accords bancaires.
En résumé, nous avons assisté à un très beau salon et il serait injuste de finir sans citer les exposants internationaux, les chinois, les turcs, les polonais, les indiens, etc. dont les propositions ont su attirer nombre de professionnels algériens. L’accroissement de la qualité dans leurs process de fabrication, dans la logistique et dans le marketing participant de cet engouement… A suivre de près… et à la prochaine, la 17e édition, en mars prochain.
Hervé Daigueperce
*Tables rondes et conférences assurées par Algérie Rechange, partenaire presse d’Equip Auto Algeria