L’un des importateurs les plus connus d’Algérie, le Groupe Siad, et son directeur général, Tayeb Siad, n’ont d’yeux que pour la filière de la pièce de rechange automobile et n’hésitent pas à proposer leur expérience et leurs services pour que les métiers de l’après-vente automobile et surtout de la pièce de rechange soient reconnus à leur juste valeur. Un plaidoyer pour l’avenir, pour les jeunes et aussi pour les ouvriers et vendeurs d’un secteur toujours plus responsable du confort et de la sécurité des automobilistes.
N’hésitant pas à déranger Tayeb Siad plongé dans la lecture de ses tableaux financiers et de ses prévisionnels – très aléatoires en cette période – Algérie Rechange est allé chercher, comme à son habitude, auprès de ce spécialiste hors pair, des informations sur le marché et sur la filière de la pièce. Et comme d’habitude, nous n’avons pas été déçus ! Dès la première question, nous avons été recadrés – avec le sourire. Voici la question et la réponse : « Aujourd’hui, on ne parle que de la difficulté d’approvisionnement, reste-t-il quelque chose à vendre ? » « Il y a toujours quelque chose à vendre, si l’objectif est seulement de vendre et c’est aussi ce qui pose un problème aujourd’hui. Faut-il vendre pour vendre, pour faire du profit vite et – mal – fait ou prétendre répondre de manière structurée et fiable à la demande du consommateur et du marché, en construisant un partenariat avec ses parties prenantes sur du long terme, basé sur la confiance, le service et qualité des produits ? La raréfaction de certains produits sur le marché engendre des comportements inacceptables et dangereux de la part de gens peu scrupuleux ».
Ceci dit, Tayeb Siad a enchaîné et nous a confirmé sa venue sur Equip Auto Alger et ses motivations : « Bien que nous ayons peu de visibilité sur nos approvisionnements en pièces, nous tenons à être présents sur Equip Auto comme chaque année, simplement pour dire que nous sommes toujours là, toujours opérationnels et surtout toujours à la disposition de nos clients. Si nous sommes absents, nous envoyons un message négatif qui va à l’encontre de notre politique de soutien à notre clientèle. » Du coup, nous lui avons demandé si son grand sens du partenariat était partagé par ses fournisseurs ? Son commentaire est tout aussi éloquent : « Nous avons la chance d’avoir des fournisseurs qui favorisent la notion de partenariat et qui sont à nos côtés, qui comprennent la situation et nous soutiennent. Néanmoins, nous avons été confrontés à quelques réactions de fournisseurs qui ont privilégié le client au partenaire. Les fournisseurs ont leur stratégie, certains visent à long terme, d’autres ont le chiffre en ligne de mire (et pas forcément le choix) et n’hésitent pas à vendre à qui peut acheter à l’instant T. C’est une politique court-termisme que le marché crée, hélas, en ce moment comme il crée de la spéculation par la raréfaction des produits. Aujourd’hui, on peut gagner sa vie, faire plus de marge, tout en ayant moins de contraintes et de responsabilité, voire moins de personnel. Ce n’est pas comme cela que j’envisage notre métier ».
Plus de visibilité, plus d’explication
« Nous avons toujours été partisans de respecter les règles qui président à nos activités et nous continuerons dans cette voie, ne serait-ce que parce que les règles protègent aussi nos filières de l’automobile. Cependant, nous souhaitons plus de visibilité en ce qui concerne les autorisations d’importation. Nos clients nous demandent de la disponibilité, et notre travail consiste à faire en sorte de mettre à disposition les pièces dont ils ont besoin. Ce n’est pas facile, au jour d’aujourd’hui, je dirais même plus c’est très difficile de faire notre métier et de maintenir nos activités.
C’est pourquoi, il nous est indispensable d’avoir un minimum de visibilité et de connaître les mécanismes fonctionnels des institutions concernant le traitement des accords de nos dossiers d’importation bien en amont des besoins terrain. Or, nous ne savons pas quand nous aurons une réponse, ni laquelle. Nous aimerions obtenir plus d’informations concernant l’admission des dossiers pour mieux nous y prendre. J’ai de plus en plus de mal à ne pas pouvoir répondre à mes fournisseurs et à mes clients sur les délais et les raisons pour lesquelles nous n’avons pas de réponses sur nos dossiers, ni pourquoi nous avons des accords et à quelle régularité. Si nous en savions plus, on préparerait mieux, on pourrait envisager des prévisionnels plus adaptés, anticiper les commandes et travailler à flux tendu.
Le problème que j’ai aussi comme chef d’entreprise, c’est de pouvoir tracer un itinéraire stratégique pour mon entreprise et prétendre à un business plan fiable, de garantir autant que faire se peut, le maintien de notre activité et maintenir notre personnel en place. Sans visibilité, sans commandes , avec une activité réduite doit-on continuer à mobiliser tant de personnes ou doit-on accepter de réduire nos effectifs et renforcer les rang du chômage pour garantir la survie de notre société ? Notre métier consiste à distribuer, dans le respect des règles, des pièces de rechange automobiles de qualité, pour entretenir les voitures du parc roulant, or aujourd‘hui, je ne le peux plus, je ne sais plus le faire, je suis comme une voiture dépourvue de son tableau de bord et je ne peux même pas répondre de manière circonstanciée.
C’est aussi pour cela que nous exposons à Equip Auto, pour avant tout nous identifier en tant que professionnel dans le domaine de la rechange automobile et proposer notre expertise dans ce domaine sans prétention aucune, et également de faire corps avec nos associations professionnelles, avec nos groupements et nos confrères pour tenter d’avoir plus de visibilité et exercer notre métier dans les meilleures conditions dans un marché mieux structuré. »
Hervé Daigueperce