M. Mohamed Siad, PDG des Etablissements SIAD

Date:

Les établissements SIAD comptent parmi les plus anciennes entreprises algériennes privées spécialisées dans le domaine de la rechange automobile. Ayant très tôt choisi la filière des équipements des véhicules, ce qui était  en 1966 une petite entreprise familiale est aujourd’hui  un groupement d’entreprises organisé avec une vision professionnelle très saine. Dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder M. Mohamed Siad, est revenu sur la genèse de l’entreprise, la vision sur le métier et la ressource humaine qui lui est nécessaire.

1

A quand remonte la création des établissements SIAD ?

A 1966.  L’entreprise a été créée par feu mon père Amokrane Siad. Il s’agissait d’un magasin de pièces de rechange et d’un atelier de mécanique. A cette époque, le marché était très simple car il n’y avait que 3 ou 4 marques de voitures en Algérie.

Comment qualifiez-vous la relation des SIAD aux véhicules ?

Je dirais que c’est une passion. Une passion qui a été transmise de génération à une autre. Pour ma part, toute ma vie a été bâtie autour des voitures et de la pièce de rechange. Mon métier est ma passion.

Comment voyez-vous l’organisation du marché des équipements automobiles en Algérie ?

Le marché de la pièce de rechange et des équipements automobiles en Algérie a commencé à se segmenter dans les années 1999/2000. Cela, suite à l’ouverture de l’importation aux privés. Jusque-là, le marché était l’apanage des entreprises du secteur public. Depuis, il y a eu une décantation qui a permis l’émergence de deux grands pôles. Le premier est celui des OES (Original Equipement Supplier). Ce sont des pièces de rechange d’origine, fabriquées par les équipementiers première monte pour la rechange des réseaux constructeurs. Le deuxième pôle est celui de la pièce et des équipements, communément appelé IAM (Independant Aftermarket), souvent fournies par les mêmes équipementiers (mêmes usines), pour le marché indépendant. Il existe aussi des équipementiers seconde monte qui livrent des pièces au seul marché indépendant. Ce sont des pièces qui ont les mêmes caractéristiques techniques que les originaux. Ils sont souvent appelés adaptables. La pièce de qualité d’origine est, elle, fabriquée selon le cahier des charges d’origine, pour la seconde monte.

Pouvez-vous nous dire quelle est la différence entre une pièce de première monte et une pièce dite de seconde monte ?

Les pièces de première monte sont des pièces placées dans les véhicules lorsqu’il est en phase de fabrication. C’est-à-dire dans l’usine de la marque de fabrique. Comme vous savez, les marques de voitures ne sont pas eux même les fabricants des composants des véhicules. Ce sont des sous-traitants qui leur fabriquent les pièces selon un cahier des charges. Les pièces que l’on met dans les véhicules dans sa phase de fabrication sont des pièces de première monte. Les seconde monte, sont des pièces d’origine, mais qui sont fabriquées pour le marché de l’après-vente. Mais cela ne veut pas dire que ces pièces soient de moindre qualité. Bien au contraire, dans quelques cas, surtout si le véhicule affiche quelques milliers de kilomètres au compteur, il est préférable dans ce cas de lui mettre une pièce de rechange adaptée, car cette pièce va mieux cadrer avec le cycle naturel de vieillissement du véhicule.

Y a-t-il une différence de coût entre une pièce de première monte et une « adaptable » ?       

En termes de coût, ce n’est pas du tout le même calcul. Un constructeur calcule le prix de la pièce sur le coût global du véhicule. Par contre, un équipementier déduit cela du prix de revient.

Quelles sont les marques que vous représentez ?

Je ne les ai pas toutes en tête car ce sont environ 25 marques parmi les plus connues dans le monde de la pièce de rechange et des équipements de garage et d’outillage pour ne citer que Valeo, Michelin, Total, Facom, SKF, NGK, Brembo, Autocolor, Comet, etc…

Comment se porte la filière pièce de rechange en Algérie ?

Le marché de la pièce de rechange n’est pas encore bien organisé en Algérie. En principe, un garagiste achète lui-même la pièce de rechange pour ses clients et donne aussi une garantie à son client. Ce qui se produit sur le terrain est que le client achète lui-même sa pièce de rechange sans garantie, puis il la ramène au garagiste pour qu’il la lui monte. Du coup, il n’y a pas de garantie. C’est pour cette raison que le client a perdu confiance. Alors qu’il est très important que le client ait confiance en son garagiste. Pour notre part, nous nous employons à développer un système de conseil envers nos clients revendeurs et garagistes. Car tout est orienté vers le client final. Après tout, nous sommes une entreprise de service et d’aide à la prise de décision.

Etes-vous engagés dans la lutte contre la contrefaçon ?

Nous avions tiré la sonnette d’alarme en 1996. A cette époque-là, nous étions déjà conscients du danger que cela représente dans le domaine de la pièce de rechange. Il faut distinguer entre la contrefaçon de marques et la contrefaçon de qualité. Cette dernière est très grave car, pour le cas de la pièce de rechange, elle a trait à la sécurité des personnes. Dans notre métier le sens de l’éthique et le professionnalisme sont une condition sine qua none. Dans cette optique, nous avons toujours milité sur le terrain pour que l’acte d’achat d’une pièce s’effectue chez les vendeurs agréés.

Comment est organisé votre réseau ? 

Notre siège social est à Azzazga. Nous avons 7 succursales, un réseau de revendeurs, des grossistes et de clients garagistes. En somme, nous couvrons toute l’Algérie.

Combien de références avez-vous en stock ?

Quelque chose comme 150.000 références.

Comment cela est-il organisé ?

Nous travaillons par lignes de produits. Comme par exemple, le freinage, la suspension, l’éclairage, les équipements de garages etc…

En parlant d’équipement de garage, est ce que vous assistez vos clients dans la mise en fonctions ?

Bien sûr. Pour nous, il ne s’agit pas que de vendre. La fourniture des équipements est accompagnée d’une formation sur les produits et une formation aux mécaniciens aussi.  Vous savez que les véhicules d’aujourd’hui sont spécifiques. Ils embarquent ce qu’on appelle la mécatronique. C’est un devoir pour nous de prodiguer des formations aux techniciens. D’ailleurs, le futur centre d’Oran prévoit des formations cycliques au bénéfice des équipes de nos clients.

Qui est ce qui assure ces formations ?   

En amont, ce sont les formateurs des fabricants. Dans une approche pédagogique, ils forment nos formateurs. Qui, par la suite, prennent le relais.

Je sens qu’il y a un mais… ?

Oui, le hic est que très souvent, quand nous formons notre ressource humaine et que cette dernière accède à un niveau des compétences recherché, elle ne tarde pas a être « piquée » par la concurrence qui offre des rémunérations plus intéressantes.

La migration de la ressource humaine vous pose-elle un souci ?

Oui, car il y a des postes d’emploi spécifiques auxquels on ne trouve pas de CV correspondant. Pour ces postes, nous sommes obligés de former nos employés qui présentent les qualifications requises. Mais si, en bout de chaîne, notre collaborateur s’en va, nous sommes un peu embêtés. D’ailleurs c’est pour cette raison qu’avant d’envoyer nos collaborateurs en formation, on leur fait signer des documents qui les maintiennent en poste pendant un certain temps.

Quels sont les postes pour lesquels vous de trouvez pas de candidats ?

Par exemple, conseiller technique, chef d’atelier, gestionnaire de stock, responsable technique..

Avez-vous une idée sur le chiffre d’affaire du marché de la pièce de rechange en Algérie ?

L’informel nous empêche d’avoir des chiffres précis car ils minorent les valeurs. Mais cela se situe entre 600 et 800 millions d’euros. 

Entretien réalisé par Nabil Meghiref

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Articles similaires
Related

Corsma : l’excellence automobile à portée de main !

Depuis son humble début en 2006, le groupe Corsma...

U.T.A. Equipements toujours en haut de l’affiche

Avec un partenaire comme Amir Aissa Badaoui, le directeur...

GM AUTO de retour sur Equip Auto Alger

Après la période du Covid et les incertitudes du...

Sadek Khenteur toujours sur la brèche !

Prévu sur Equip Auto Alger, Sadek Khenteur, le patron...