Hichem Bouzidi, directeur général de Tecauto et président de Groupauto Maghreb

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« Dans notre profession, nous ne sommes pas assez solidaires pour nous lancer dans des opérations de grande envergure nationale »

Toujours aussi investi dans la défense de la profession, et porteur d’une énergie incomparable, Hichem Bouzidi était en pleine ébullition lorsqu’Algérie Rechange a repris contact avec lui. Dans l’attente d’une réponse du préfet pour l’autorisation de la création d’une opération portes ouvertes, Hichem Bouzidi mettait au point un nouveau concept de communication en ciblant le consommateur et l’automobiliste : « Nous avons besoin d’instaurer de nouvelles relations de confiance avec le consommateur final et de lui apporter toutes les informations nécessaires sur les pièces et les équipements de son automobile. Il est de notre ressort de lui expliquer pourquoi il faut changer telle ou telle pièce, pourquoi tel composant fonctionne ainsi et pourquoi il faut privilégier des produits de qualité, des durées d’utilisation maximale, etc. Nous ne communiquons pas de manière ordonnée et quand nous le faisons, c’est à la marge. Voilà pourquoi, les automobilistes accusent toujours une certaine méfiance vis-à-vis de nos métiers. C’est pour ces raisons que j’ai proposé à la Chambre de Commerce et d’Industrie de se mobiliser pour que nous puissions créer non pas un salon, tel que nous avons l’habitude de les concevoir, mais plutôt une opération porte ouvertes à destination du grand public pour prôner la pièce d’origine – et plus particulièrement la pièce de sécurité. Nous effectuerons ces informations grand public en partenariat avec la sécurité routière, avec les professionnels du secteur de manière à ce que toutes les questions que se posent les consommateurs trouvent une réponse, cela ira du rôle du liquide de refroidissement au fonctionnement l’amortisseur, en passant par les dangers de la contrefaçon, etc. Dans notre profession, nous ne sommes pas assez solidaires pour nous lancer dans des opérations de grande envergure nationale, alors privilégions les rencontres avec les consommateurs dans chaque région, dans chaque willaya ». Et la réponse du préfet était attendue dans les jours suivants pour des rencontres en fin de mois de février, selon toute probabilité.

Se préparer aux mutations énergétiques

Certes, l’explosion des ventes de véhicules électriques et hybrides, en Algérie, n’est pas attendue pour demain, néanmoins pour Hichem Bouzidi, « il faut se préparer à une mutation qui a déjà commencé dans notre profession et qui préfigure la fin de la réparation au profit de la seule maintenance. Une maintenance qui ne fera pas vivre tout le monde. Nous vivons depuis quelque temps une période bouleversée et ce bien avant la Covid 19, période dans laquelle tous les repères s’estompent. Nous naviguons à vue, les équipementiers en achètent d’autres, des marques disparaissent, des fournisseurs se mettent à commercialiser des produits dont il n’avait jamais été question avant. Si nous, importateurs distributeurs sommes totalement décalés dans le temps avec des pièces qui arrivent bien après la sortie des véhicules, chez les équipementiers, la chasse aux produits de maintenance, aux consommables est ouverte. La raison en est simple, on ne répare plus les véhicules, on n’effectue plus que des opérations de maintenance, le marché s’est rétracté. Nous ne changeons plus un grand nombre de pièces et les véhicules partent à la casse sans qu’il ait été besoin vraiment d’intervenir dessus de manière profonde. Depuis 5 ans, il faut encore plus se spécialiser pour se maintenir à niveau. Et les nouveaux véhicules seront encore moins porteurs ». Alors, pessimiste Hichem Bouzidi ? « C’est un métier extraordinaire, changeant, évolutif et quoi qu’il arrive, nous continuerons à la faire, parce que c’est le métier qu’on aime faire et c’est celui qu’on sait faire ! »

Plus de réflexion sur les mesures à prendre

Autre constat, la proximité d’un danger dans la filière de la distribution, suite aux nouvelles réglementations qui risquent de générer de réelles restructurations dont les grossistes, les semi-grossistes et les détaillants pourraient faire les frais ainsi que nous l’explique Hichem Bouzidi : « L’obligation faite aux fournisseurs d’attendre 45 jours leur règlement, en plus des 30 jours peuvent conduire, à terme, les importateurs à supprimer des intermédiaires. Avec les délais d’attente, entre chaque demande, les pièces sont vendues en à peine quelques jours, rendent caduque le travail des grossistes et de la chaîne en général. L’importateur aurait tout intérêt à utiliser son personnel libre entre les livraisons à s’occuper de la logistique et à devenir des détaillants. Pourquoi, ne créerait-il pas des points de vente ? Je ne dis pas que c’est ce qui va se passer, mais en allongeant les délais de paiement, on crée des conditions telles que la rentabilité passera peut-être par un effacement de certains métiers. Il faudrait que nous parlions d’une seule voix pour présenter nos craintes et voir comment on pourrait faire pour éviter tout dérapage grave. Les équipementiers eux-mêmes s’interrogent et perdent confiance. Il leur faut attendre 30 + 45 jours pour être payés, et ils doivent faire preuve, également, d’une sérieuse confiance en leurs clients. Mais, nous ne sommes pas assez unis pour faire savoir tous ces sujets auprès des institutions. Parce que, j’insiste, il ne s’agit pas d’une question d’argent – nous savons gérer notre trésorerie en prenant en compte les nouveaux délais – mais bien de confiance. Et il faudra s’attendre sans doute à une augmentation des prix de la part de nos fournisseurs qui vont récupérer ce qu’ils perdent en immobilisation financière. Vraiment, il faut que nous nous unissions pour évoquer nos problèmes et nous faire comprendre – pour notre intérêt à tous, y compris pour l’Etat – auprès des pouvoirs publics et des institutionnels. »

HD

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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