EQUIP AUTO 2019 : Bas les masques !

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Pour une édition inédite, ce fut une édition inédite, qui a dû vaincre bien des spectres avant de remplir son rôle de salon de la pièce, de l’équipement et des services associés.

On a frôlé le pire, tant les Cassandre se multipliaient pour annoncer catastrophes et déluges sur Equip Auto 13e édition. Des « Cassandre » qui se sont transformées en fantômes, au fur et à mesure du déroulement traditionnel de la manifestation, après avoir brandi le spectre de la dissolution, comme un mauvais remake de ce qui se passait à l’extérieur. Certes, la situation politique incertaine, les manifestations du vendredi pouvaient alarmer exposants et visiteurs, mais de là à crier au loup comme l’ont fait certains, à réclamer un report (comme si la veille d’une manifestation de cette ampleur, cette hypothèse était envisageable), à dissuader certains internationaux de venir, ou encore à prédire des annulations en rafale, il y avait un gap à ne pas franchir. D’autant que le pacifisme présidait à chaque manifestation, tant du côté de la population que des pouvoirs publics, comme tout le monde a pu le remarquer et s’en féliciter. Donc, le commissaire du salon, comme à son habitude, a calmé le jeu, renoncé à dormir pour répondre aux inquiétudes des uns et des autres (surtout en Algérie), et a ouvert le salon par quelques interventions économiques de bon aloi. Un salon encore différent des précédents et qui « présentait bien » comme l’on dit et sur lequel nous allons revenir. A part la défection d’un exposant – algérien – et un nombre de visiteurs sans doute en baisse – mais des visiteurs plus investis, plus impliqués, ainsi que le remarquaient plusieurs exposants « on a moins offert de casquettes, stylos et autres goodies ! », Equip Auto Alger 2019 a encore prouvé son efficacité et la nécessité pour les acteurs de participer à cette manifestation, la plus importante du Maghreb, dans le secteur de l’après-vente automobile.

Constructeurs à l’offensive !

Depuis 2006, Equip Auto Alger s’est considérablement étoffé et a vu les exposants ériger des stands de plus en plus élaborés, pratiquer des démonstrations toujours plus concrètes et efficientes, alors que les visiteurs se montraient de plus en plus exigeants et attentifs aux dernières tendances, technologies, solutions techniques et marketing. Puis la sous-traitance s’est invitée, on parlait de production, de fabrication, de partenariats avec les grands fournisseurs internationaux, et encore d’intégration locale, d’usines de montage… le salon se professionnalisait et jouait son rôle d’accompagnateur de l’évolution du secteur de l’automobile à l’exception de la présentation de véhicules neufs, hors de propos. Pour cette édition, la concrétisation de ces mouvements s’est traduite par l’arrivée sans tambour ni trompette, mais avec aplomb et ambition des constructeurs d’automobiles venus vendre leurs pièces, leurs équipements, leurs services et leurs réseaux. A l’entrée du salon, là où d’ordinaire l’équipementier Mann se tenait – on reviendra sur le rôle des équipementiers internationaux et leur curieuse façon d’aborder un marché… par leur absentéisme en tant qu’exposants « pure players » – Kia Algeria et Global Motors Industries (Hyundai) exhibaient fièrement leurs offres. Plus loin, c’est Sovac qui déclinait ses marques de distribution de pièces, pour le constructeur Volkswagen, dont il est officiellement le distributeur des marques Volkswagen, Seat, Skoda et Porsche. Et l’on ne citera pas Renault Trucks, un abonné du salon. Contraints de se retourner vers les autres secteurs de l’automobile depuis que l’importation des véhicules n’est plus autorisée, les réseaux constructeurs se sont mis au montage de véhicules et se sont souvenus de l’importance de l’après-vente dans les comptes de résultats. Aussi, c’est très naturellement que ces professionnels ont repris les rênes de l’activité pièces et services en s’appuyant sur le savoir-faire des constructeurs qu’ils représentent dans le domaine, tout en adaptant les offres aux spécificités du marché national. Il en résulte des offres cohérentes, tant en pièces (parfois avec plusieurs marques) qu’en équipement et maintenance, avec des solutions de réparation et de diagnostic très innovantes et aux normes constructeurs. A cela, il faut ajouter la force du réseau – et de la formation de ses membres – comme atout différenciateur, ainsi que les pratiques marketing éprouvées, comme les forfaits, les offres promotionnelles calculées, etc. Bref, si les importateurs de pièces d’origine constructeurs étaient sur le salon, ce n’était pas pour faire vitrine mais bien pour reprendre la main sur la commercialisation de leurs pièces et redonner de la force à leurs réseaux après-vente. On peut s’étonner, malgré tout, de l’absence de PSA et Eurorepar, ainsi que de Renault et de Motrio, certes des pionniers, mais dont les avancées sont loin d’être assurées…

Les groupements de distribution en chiens de faïence…

Autre grand mouvement tout aussi intéressant sur le salon, la confrontation des grands groupements de distribution sur un salon où ils ont longtemps brillé par leur absence. Nous avions relevé, il y a une dizaine d’années, les efforts pas très convaincants ni convaincus de cadres d’Autodistribution France pour faire adhérer de nouveaux membres, comme Siad à l’époque. Cela n’avait pas abouti, et c’est finalement Abdelkrim Djerbellou, dont la fin de son exclusivité de distributeur Bosch sur l’Algérie appelait à un rééquilibrage, qui rejoint Autodistribution International, via Autodistribution Tunisie de son ami Khelil Chaibi. De son côté, Bareche avait épousé la cause de Temot International sans faire de bruit et pour rencontrer quelques grands équipementiers internationaux, capables de lui apporter des informations sur l’évolution de l’automobile. Rien, au final de très marquant, au regard des ralliements et des guerres de tranchées que l’on voyait se dessiner en Europe depuis une trentaine d’années. Certains évoquaient une réticence culturelle quand d’autres ne voyaient pas ce qu’une adhésion à un grand groupe de distributeurs, sur des marchés qui n’étaient les leurs, pouvait leur apporter. C’était jusqu’à l’arrivée de Nexus International, en 2016, un groupement qui n’existe que depuis 5 ans – et pourtant affichant aujourd’hui, un chiffre d’affaires membres de plus de 19 milliards d’euros – habilement dépositionné par rapport à l’axe privilégié des quatre autres (Autodistribution International, Groupauto International, Temot International et ATR) à savoir l’axe franco-allemand, pour se placer sur une trajectoire protéiforme ciblant les pays d’Afrique, du Moyen-Orient (pour commencer), les marchés émergents, sans contrainte de canaux (distribution traditionnelle, centres autos, fastfitters, Internet etc.) ni de zones géographiques. L’idée étant de renouveler le genre en donnant la possibilité aux uns, de toucher de nouveaux marchés, et aux autres, d’avoir accès à des équipementiers internationaux qui ne semblaient pas s’intéresser à eux. Dans la musette de Nexus International, se trouvaient également la formation, les réseaux de garages ou encore une marque de distribution, des offres connues auxquelles le groupement souhaitait apporter un contenu plus offensif, au niveau formation notamment (non sans un certain succès). Nexus International a su attirer ainsi, dans une première vague Siad, Douadi Automotive, Habchi ou encore A&F Distribution, et, dans une seconde, Kheddache et EMSG Mansour sans compter les deux plateformes Tradex et GSB. Cependant, cette année, ce n’est pas Nexus Algérie qui a fait le buzz, puisqu’on remarquait une absence étonnante des responsables de Nexus International sur le salon – ils auraient été pris par leur convention d’Abu Dhabi – et aucune communication notoire des membres de Nexus Algérie si ce n’est quelques panonceaux sur les stands des adhérents exposants

Amerigo, Groupauto, le face à face

A l’inverse, ce fut au tour d’Amerigo International d’occuper le terrain … et de se faire voler la vedette par le lancement officiel de Groupauto Maghreb, une initiative de l’Association Opérateur Economique, présidée par Hichem Bouzidi et de Mosuco (représenté par ses managers en relations internationales, Robert Perrin-Objois et Chahinez Sidhoum) mandaté par Hans Eisner, président de Groupauto international. Un lancement préparé et conçu en forme de feu d’artifice, puisque 9 entreprises rejoignaient en même temps Mosuco dans la création de Groupauto Maghreb, une entreprise, centrale d’achats auprès des grands équipementiers internationaux et aussi de fabricants nationaux algériens, et pourvoyeuse de services, dont l’établissement de réseaux de garages, de formations, et également de sites de production. C’est ainsi que TecAuto, Auto West Diesel, Planète Auto, GM Auto, C&F, Siproa, Soip Auto, Sarl Abdallah Fils et Eurl C.O.I.E. faisaient leur première sortie en public sur le stand de l’Association et de Groupauto Maghreb, non loin de celui d’Automotor-Amerigo qui, outre le fait d’exposer sur Equip Auto, avait rassemblé ses membres actionnaires, ses partenaires et équipementiers pour une grande réunion Amerigo où il fut question, notamment, de l’entrée comme fournisseurs, de Akebono, Exide, Cavo, Saleri et TMD. Amerigo avait défrayé la chronique lors du précédent Equip Auto en annonçant un projet de déploiement international ambitieux. Ce qui ressort de ces mouvements de regroupement – faut-il parler de concentration à l’instar de ce que font les équipementiers (même s’il n’est pas encore question de fusion acquisition) ? – se définit par le besoin des professionnels de la distribution de bénéficier de l’appui de fournisseurs internationaux pour aborder les mutations du monde automobile en tant qu’acteurs, et non comme exécutants de seconde zone ou comme salariés de groupes puissants. Cela entre également dans la volonté expresse de ces professionnels de professionnaliser leur secteur en éradiquant autant que faire se peut les produits contrefaits, ou mal faits ainsi que leurs importateurs, en mettant en place des structures de distribution, de réparation et d’entretien capables de recevoir les véhicules nouveaux et les nouvelles formes de mobilité, tout en offrant des prestations standards et contrôlées, grâce à des personnels formés et aux compétences plus que reconnues, certifiées. Equip Auto aura une nouvelle fois, servi de plateforme d’essai, de lancement, d’échanges, dont nous ne donnons qu’un aperçu ici. Le dossier qui suit apportera d’autres réponses…   

HD

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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