Cirta Automotive, fruit d’une alliance entre l’Algérie et la Turquie, incarne l’essor de la production locale de pièces détachées automobiles en caoutchouc. Axée sur la qualité et la conformité, l’entreprise projette son expansion et ses ambitions d’exportation, marquant ainsi son engagement envers l’avenir de l’industrie automobile algérienne.
Au salon Equip Auto Alger 2024, une dynamique singulière a été observée, avec une forte représentation des acteurs chinois et turcs, aux côtés des producteurs et importateurs locaux de pièces de rechange automobile en Algérie. Parmi les nombreux stands qui composaient le salon, celui de Cirta Automotive a attiré notre attention. Fondée récemment grâce à un partenariat algéro-turc, cette entreprise incarne l’union de deux nations dans le domaine automobile. Établie l’année précédente, Cirta Automotive se distingue en produisant localement en Algérie une gamme variée de pièces détachées automobiles, notamment en caoutchouc, en caoutchouc métal et en caoutchouc aluminium.
Lors de notre rencontre avec Burak Atli, directeur général de Cirta Automotive en Algérie, il nous a éclairés sur la nature de ce partenariat novateur. Selon lui, cette collaboration repose sur une formule simple : les investissements turcs sont complétés par le savoir-faire et la main-d’œuvre qualifiée de l’Algérie.
Fondée en 2019, l’entreprise n’a officiellement lancé ses activités qu’en 2023, optant pour une spécialisation dans la fabrication de diverses pièces en caoutchouc destinées aux véhicules légers et utilitaires. Son focus principal repose sur la production de boules d’amortissement anti-vibration, une composante cruciale dans le domaine de l’automobile. Implantée dans la ville de Constantine, l’unique usine de l’entreprise s’étend sur une superficie de 5.000 mètres carrés, bénéficiant également d’un terrain supplémentaire de plus de 20.000 mètres carrés. Cette infrastructure impressionnante sous-tend une capacité de production annuelle estimée à 2,5 millions de pièces de rechange automobile, une fois l’ensemble de l’appareil productif pleinement opérationnel. Cependant, selon les explications de Burak Atli, le directeur général, la production n’opère pour le moment que sur un seul shift, en raison de diverses contraintes, notamment la disponibilité immédiate de la matière première, à savoir le caoutchouc naturel. Pour exploiter pleinement le potentiel de l’usine, un passage à trois shifts par jour est envisagé.
« Actuellement, nous avons une équipe de 40 personnes pour assurer un seul shift de production journalier qui est de huit heures, et notre production démarre doucement, mais d’ici la fin d’année nous allons recruter pour atteindre 100 personnes au total et faire tourner l’usine à plein régime, c’est-à-dire trois shifts, 24 heures/24 et 7 jours/7, » a expliqué Burak Atli. « Or, le problème rencontré pour le moment est la disponibilité de la matière première, qui n’est pas toujours disponible dans notre usine pour pouvoir produire à plein régime ».
Le caoutchouc naturel, matière première principale
Burak Atli a expliqué que le caoutchouc naturel, matière première principale, n’est disponible ni en Algérie ni en Turquie, les obligeant à l’importer de pays tels que le Brésil, l’Indonésie et Taïwan. « Nous produisons les moules nous-mêmes, nous assurons toute la production en interne », a-t-il précisé. « Malgré ces défis, nous sommes confiants quant à la croissance future de notre entreprise et à notre capacité à répondre à la demande croissante du marché automobile ».
« Actuellement, nous produisons environ 60 références de pièces de rechange automobile. Notre objectif est d’élargir cette gamme pour atteindre 120 références d’ici la fin de l’année ». Pour Cirta Automotive, l’accent n’est pas uniquement mis sur la réalisation d’un chiffre d’affaires favorable, mais plutôt sur le perfectionnement de sa gamme de produits. « Nous nous efforçons d’assurer la qualité, la fiabilité et la conformité de nos produits aux normes en vigueur en Algérie, en Europe, et au-delà ».
« Notre priorité actuelle est de fournir les meilleures pièces, caractérisées par une qualité irréprochable. Nous travaillons sur la certification de nos produits et avons investi considérablement dans notre laboratoire d’études. Notre objectif principal est d’établir une réputation de fiabilité et d’excellence, avant de prioriser les bénéfices », a souligné Burak Atli.
Le directeur général de Cirta Automotive a souligné que le choix de l’Algérie pour ce partenariat était motivé par plusieurs facteurs. Outre sa position géographique stratégique, le pays offre des avantages en termes de main-d’œuvre abordable, de coûts de gaz et de transport réduits, ainsi que des incitations gouvernementales encourageant la production locale. Concernant les futurs projets de l’entreprise, il a déclaré : « dans les cinq prochaines années, nous envisageons de débuter nos exportations, en commençant par des marchés tels que le Niger, la Libye et le Sénégal. Par la suite, nous prévoyons de nous ouvrir à d’autres destinations, notamment la Turquie, les pays européens et les États-Unis ».
Il a conclu en partageant sa vision stratégique pour les années à venir : « notre objectif ultime est d’automatiser entièrement notre production, ce qui permettra d’accroître notre efficacité, notre fiabilité et de réduire les coûts à long terme. Bien que cela nécessite un investissement initial conséquent, nous croyons fermement que cette transition vers une production automatisée sera essentielle pour assurer la croissance et la compétitivité de Cirta Automotive ».
Abdellah Khalil