Flottes, véhicules d’entreprise, parc… autant de termes qui évoquent la gestion de plusieurs véhicules par une seule entité. Un marché sur lequel se penchent bien des professionnels. Cas d’école…
Ce chemin secondaire, qui serpente de Chéraga vers Ain El Bénian, est d’ordinaire calme avec son côté champêtre. Mais depuis qu’un nouveau point de service Motrio a ouvert ses portes, de petits embouteillages sont apparus. Ils sont provoqués, en partie, par les véhicules, qui stationnent en contrebas de la chaussée aux alentours de Motrio. Il s’agit, en fait, du tout premier centre Motrio construit selon la toute nouvelle charte graphique de la marque. Il se trouve, aussi, qu’il s’agit d’un point de service dédié à une clientèle professionnelle. Ce sont les entreprises qui viennent y effectuer l’entretien de leur parc roulant. Mais si, toutefois, un client particulier se présente pour une prestation, il est bien sûr pris en charge. En fait l’ouverture de cet atelier est la conséquence de la saturation de son aîné. Son aîné, donc, est situé au quartier dit « les sources » à Alger. Il est également dédié aux clients « corporate ». Le succès ayant été au rendez-vous, après quelques années d’activité, il fallait penser à un plan d’extension. En cette matinée hivernale, le temps est maussade sur Alger. Du ciel bas, tombe une fine pluie abondante. La montre indique un peu plus de 9 h. Pourtant, tous les postes de travail sont déjà occupés. Il y a même un ou deux véhicules qui attendent leur tour, à hauteur du bureau de réception.
Tout commence à la réception
Oui, tout commence à la réception. Avant que le véhicule ne soit conduit vers l’atelier, son propriétaire doit d’abord passer par la réception. C’est un vaste bureau, bien décoré, avec un coin salon doté d’une machine à café. Le salon fait face à un écran de télévision. Ce dernier est branché à des caméras, qui filment, en direct, l’intervention des techniciens sur les véhicules. Quelques magazines et des brochures sont aussi disponibles pour patienter. Le service de réception des véhicules est « coaché » par une jeune femme. Elle connaît parfaitement sa mission. Une mission d’ailleurs très importante. D’abord, aucun véhicule n’est admis sans la présentation de sa carte grise. Après, il est question, pour elle, de bien noter les attentes du client. C’est suite à cela qu’elle remplit l’ordre de réparation. L’O.R dans le jargon interne. L’O.R, est important. C’est le trait d’union entre les clients et les équipes d’interventions techniques. Autres mentions importantes portées sur ce document : les coordonnées du client en question, ainsi que son numéro de téléphone cellulaire. Il est également porté l’heure d’entrée du véhicule en atelier ainsi que l’heure prévue de sa sortie, au cas où le client souhaiterait quitter les lieux pour vaquer à d’autres occupations, pendant que son véhicule est bichonné.
Il sera contacté au téléphone lorsque le véhicule sera fin prêt. Par ailleurs, si, lors de l’inspection générale du véhicule, les mécaniciens relèvent un autre problème, la réception contacte le client pour l’informer. Libre à ce dernier d’ordonner la réparation…ou pas. Pour la pièce, Motrio Cheraga a sa propre méthode. Si la réponse est positive, l’on vérifie la disponibilité de la pièce dans le magasin. Sinon, elle est ramenée rapidement par le réseau des fournisseurs. Dans le cas où le client souhaite ramener lui-même sa pièce, cela est possible. A condition que cette dernière soit certifiée d’origine. Chez Motrio et dans ce cas de figure, il existe ce qu’on appelle « un certificat de contrôle ». Il comporte trois zones à remplir. Les mentions portées sur la zone rouge signifient qu’il y a urgence. Ceux inscrits dans la zone orange veulent dire « réparation dès que possible ». Et la verte, que c’est « à prévoir ». Si toutefois une mention est portée dans la zone rouge et que le client fait l’impasse sur sa réparation, on lui fait alors signer un document avant la sortie du véhicule de l’atelier. Histoire, pour Motrio, de dégager toute responsabilité.
Au cœur de l’atelier.
Une Clio III est sur le perron. Elle attend patiemment que l’un des postes de travail se libère. Nous nous approchons de la zone d’intervention. Ce centre Motrio dispose de cinq ponts. Quatre sont à deux colonnes et le cinquième à quatre colonnes. Ce dernier est réservé à la géométrie et aux interventions sur les gros véhicules. Quand on parle de géométrie dans ce Motrio, il est plutôt question de refaire l’équilibrage ou le parallélisme sur un véhicule qui a changé ses rotules, ou une autre pièce liée ou train roulant. Une Renault Megane noire est garée à côté du pont à quatre colonnes. Elle a été admise pour le changement de la courroie de transmission.
Seulement M. Athmane, le mécanicien en chef, lui a aussi décelé un problème d’injecteurs. Comment avez-vous découvert cette avarie ? avons-nous demandé. Il sourit dernière ses lunettes de vue de couleur noire. « C’est mon métier » explique-t-il. En fait Athmane est l’un des plus anciens mécaniciens chez Renault, en Algérie. Il connaît les véhicules de la marque au losange comme le fond de sa poche. En fait, lors de l’essai routier de la voiture, il a senti un manque de tirage. Il a donc décidé de lui faire passer un diagnostic (scanner). Le diagnostic a révélé un dysfonctionnement au niveau du calculateur du véhicule. Mais, avec l’expérience, il sait que ce n’est pas le calculateur qu’il faut changer. Il s’en va, alors, consulter un guide interne de Renault. Celui-ci, indique que le point soulevé dans le calculateur renvoie directement aux injecteurs. En vérifiant les injecteurs, il découvre que l’un d’eux est bouché. En plus de cela, il a aussi trouvé que la chaîne de distribution était mal calée.
Interventions toutes marques
Juste à côté, un pickup Mazda BT 50 double cabine est pris en charge par deux mécaniciens. Ce véhicule doit être inspecté de fond en comble. Il appartient à une entreprise sous contrat chez Motrio Cheraga. Lors d’une mission à Constantine, le moteur s’est emballé d’un coup. Le conducteur dans un geste de survie a coupé le moteur. Le moteur s’est alors bloqué. Le pick-up a été remorqué de Constantine jusqu’à Cheraga. Les mécaniciens qui le traitent procèdent par élimination. Ils savent que le moteur s’est emballé à cause d’un dysfonctionnement du turbo. Mais ils ne connaissent pas encore quelle est la pièce qui a bloqué le moteur. Les autres véhicules que nous avons trouvés dans l’atelier ont été admis pour des révisions périodiques. Un Volkswagen Caddy pour le changement de la courroie de transmission. Un Kangoo pour le changement du kit d’embrayage. Une Chevrolet New Spark est branchée au chargeur de batterie. Sur cette dernière, tout le moteur a été refait. Comme c’est un véhicule de service, il roule beaucoup.
En plus cinq chauffeurs se partagent son volant. C’est pour cela que la durée de vie du moteur n’est pas aussi longue que celle d’un moteur de véhicule similaire conduit par un particulier. En général les véhicules sont traités et finis dans la journée. Rares sont ceux qui passent la nuit. Si cela arrive, c’est que la pièce détachée n’est pas disponible immédiatement. Ou que la panne nécessite un travail de fourmi. Comme c’est le cas pour le pick-up Mazda. Un véhicule sort de l’atelier. Un autre s’apprête à entrer. La cinquantaine, front plissé, petite barbe blanche sur le visage, de petits yeux verts aiguisés et vêtu en jean baskets et parka beige, son propriétaire est connu de la maison. C’est un ancien client qui effectue ses révisions au Motrio du quartier des sources. A la question de savoir pourquoi il les a suivis jusqu’ici ? Il répond : « Pour la simple raison que je suis satisfait du travail ». Et de conclure « Le jour où vous ne me voyez plus revenir, vous comprendrez que je n’ai pas été bien pris en charge ». Et de s’adresser à nous. « On ne change pas le boucher parce qu’on a changé de quartier ». Au Motrio Cheraga, l’affluence est bonne, malgré un début d’activité très récent. Il y a des jours où la fréquentation est plus forte que d’autres. Le samedi est la plus chargée de tous ou comment joindre l’utile à l’agréable. Cette agence a ouvert un comptoir de vente de pièces de rechange qui donne sur la grande route. La route dite de « Oued Beni Messous ». Au nombre de voitures qui s’arrêtent pour acheter leurs pièces…ou autre, on comprend d’où provient le ralentissement de la circulation routière !
Nabil Meghiref