C’est par ce commentaire que Julien Le Grix (MecaMate) amorce son étude sur le parc algérien, à savoir que ce que l’on pense n’est pas forcément ce qui est la réalité. Quelques idées reçues vont ainsi tomber et nous donner à réfléchir… Présentation en 7 tableaux !
Peu d’études dignes de foi ont été réalisées sur l’automobile en Algérie et notamment sur son parc. On entend tout et son contraire, y compris par des professionnels, qui s’inspirent des chiffres qu’ils ont obtenus. Cependant, chacun dispose d’un pan du puzzle sans bénéficier des chiffres globaux, ce qui explique le flou qui règne dans les chiffres communiqués. Voilà pourquoi l’étude de Julien Le Grix (présentation en page 25) s’avère aussi précieuse. Dans cette approche, nous ne livrons que quelques données, quelques extraits d’un dossier qui offre bien plus d’éléments et va beaucoup plus loin dans l’analyse. Le teasing se poursuit ! Dans notre étude freinage, vous découvrirez également quelques data fort intéressantes et, comme cette étude, inédites.
Données de cadrage
L’étude se porte sur le parc à 10 ans, à savoir, les véhicules de 2009 à 2019, (ceux qui intéressent le plus grand nombre de professionnels) et détaille les composantes du parc, par marque, par catégorie, par énergie, par origine, etc.
Si l’on se réfère au chiffrage de l’ONS (Office National des Statistiques en Algérie), communiqué en 2018, le parc algérien comprendrait autour de 6,4 millions de véhicules. En conséquence, le parc des véhicules particuliers et véhicules utilitaires légers pour les dix ans 2009-2019 comprendrait 2 821 554 véhicules soit 44 % du parc total. Ce qui laisse encore nombre de véhicules plus anciens ! En revanche, ces derniers ne bénéficient pas de la même attention des professionnels. Néanmoins, presque 7 millions de véhicules, cela représente un très beau marché surtout au niveau des consommables !
A noter, le parc des VUL est déconnecté des VP et ne représente que 14 % du volume global, soit 398 086 unités contre 2 423 468 véhicules particuliers.
Que dire de l’énergie ? Le parc est dominé par la motorisation Essence à 65 %, le Diesel à 35 %. Les nouvelles énergies ne représentant pas un volume quantifiable. Chaque année, sont immatriculés, en moyenne, 1,5 million de véhicules, dont, seulement, entre 16 et 20 % de véhicules neufs. Aujourd’hui, ces ratios ne peuvent plus être considérés compte tenu des réglementations sur l’importation.
Entre euphorie et dépression
L’évolution du parc algérien s’analyse à l’aune des grandes décisions gouvernementales de réglementation des importations et des crédits à la consommation. Il est assez remarquable d’observer, par exemple, le même nombre d’immatriculations en 2009 (223 802 unités) qu’en 2018 (226 741 unités), alors qu’entre les deux, les chiffres donnent le tournis. Comme le montre, en effet, la courbe en page ci-dessus, les années fastes 2012-2013 ont vu les immatriculations dépasser les 420 000 unités et l’on s’attendait à mieux pour 2014 avant le coup d’arrêt du gouvernement. C’’est ainsi que MecaMate distingue quatre grandes périodes, à commencer par l’euphorie d’une période faste, et d’augmentation brutale des immatriculations de 2009 à 2014 (en parallèle avec, également, l’avènement des crédits à la consommation, les files d’attente sur le salon de l’auto devant les organismes de crédit étaient spectaculaires). Puis, vint la période du retournement économique qui place le gouvernement dans une situation de blocage ou comment faire face à la baisse des cours du pétrole, à la crise économique qui se dessine, alors que les importations atteignent des taux records de 95 % des produits consommés. C’est ainsi, que 2014 marque la fin des années d’abondance avec la mise en place des quotas d’importation de plus en plus sévères pour tenter d’infléchir les dépenses. On arrive ainsi, en 2017, à une dégringolade à 107 372 immatriculations avant que n’arrive la reprise via les usines de montage, jusqu’à 201 696 immatriculations en 2019. Depuis, les professionnels sont dans l’attente des décisions du gouvernement tandis que les usines de montage ont été arrêtées (sauf Renault, et encore…).
Hyundai numéro 2, Citroën en 13 e position…
Que Renault représente la plus belle part du parc – sur les 26 marques implantées sur le marché algérien) n’étonnera personne, les françaises étant sur l’Afrique du nord en position de force, mais que Hyundai se place en deuxième position du parc circulant 2009-2019 laisse sans voix ! Renault compte plus de 500 000 véhicules et se fait talonner par Hyundai avec près de 400 000 ! Autre grand gagnant, Dacia comptabilise, par ailleurs, plus de 300 000 unités, une véritable prouesse. Peugeot s’adjuge seulement une quatrième place au même niveau que Dacia (!) mais Citroën n’atteint pas et de loin les 100 000 véhicules circulants. Une sévère déconvenue pour le français et plus généralement pour PSA (Stellantis) ! Quant à l’invasion allemande, elle ne se traduit que par une cinquième place de Volkswagen à un peu plus de 200 000 véhicules, suivi par Toyota et Kia, l’autre coréen en embuscade… En résumé, on assiste à une pénétration forte et régulière des coréens Hyundai et Kia qui deviennent après Renault / Dacia le marché le plus prometteur et le plus porteur aujourd’hui. Et plus généralement des asiatiques, puisqu’on voit Toyota en 6e position et Susuki en 10e. L’autre véritable surprise concerne la sortie progressive de Peugeot du Top 10…
Français contre Asiatiques et Allemands
Pour rebondir sur les chiffres énoncés plus haut, il nous faut comptabiliser les parts de marché de ces trois grands industriels. C’est ainsi que les français représentent encore, toutes marques confondues, 43 % du parc, mais le groupe suivant n’est pas constitué par les allemands comme on se l’imagine, mais bien par les asiatiques. En effet, derrière les marques françaises, arrivent les marques asiatiques représentant presqu’un million de véhicules (34 % du parc global !) tandis que les marques allemandes s’adjugent seulement 17 % du parc circulant avec moins de 500 000 véhicules. Les rapports de force ne sont pas ceux qu’on croit.
Pourtant, les allemands alignent 8 marques sur 26 dans le parc circulant (contre 4 marques françaises) mais seul Volkswagen et dans une moindre proportion, Seat, obtiennent des résultats significatifs, avec, respectivement, 218 262 unités et 153 454 unités quand Skoda compte 75 854 véhicules. Certes, le groupe Volkswagen avec quatre marques représente plus de 460 000 véhicules mais il fait moins que la marque Renault à elle seule. On reste donc dans un marché dominé par les constructeurs français et talonnés par les coréens. Une situation à méditer…
Le parc asiatique progresse de manière exponentielle
11 marques asiatiques sont présentes sur le parc algérien, certes avec des niveaux fort différents mais on voit bien qu’il ne s’agit pas d’une tendance ! Au contraire, si le parc à 10 ans compte déjà autant de marques et un champion hors pair, Hyundai, il n’y a pas de raison pour que la courbe s’inverse. Hyundai ouvre le bal avec 379 652 véhicules suivi de Toyota 178 901 unités et Kia 168 400 unités. On notera que Toyota n’occupe pas une place prépondérante alors qu’elle est présente depuis bien plus longtemps que les coréennes qui ont su se frayer un chemin par le service et notamment les garanties. Les usines de montage de Hyundai et de Kia ont aussi favorisé la montée en gamme de ces marques. Cependant, ce sont les modèles choisis qui font la différence, la réactivité, la souplesse, le niveau d’équipements et bien sûr le choix des motorisations en plus du service. Reste à savoir si dans la prochaine décennie, ce ne sont pas les constructeurs chinois que l’on verra mettre tout le monde d’accord, leur arrivée sur le salon de l’auto IAA allemand du mois dernier ayant fait couler beaucoup d’encre…
hervé daigueperce
