Tunisia Automotive, interview exclusive de Monsieur le Ministre de l’Industrie et des PMEs, Slim Feriani.

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Après avoir longuement visité le salon et avoir échangé avec nombre d’exposants, le Ministre de l’Industrie et des PMEs, Slim Feriani a accepté de répondre à nos questions sur la formation, les partenariats public / privé ainsi que sur le développement du secteur de l’automobile en Tiunisie.

Beaucoup de grandes écoles et d’universités sont représentées sur le salon, travaillez-vous avec votre homologue de l’éducation afin de fournir les compétences nécessaires aux professionnels de l’automobile ?

Nous sommes une équipe et nous travaillons en équipe, car l’union fait la force. Nous effectuons beaucoup d’efforts en coordination avec le Ministère de la formation et de l’emploi, pour former la main d’œuvre qualifiée que réclame la profession. Nous travaillons en étroite concertation avec les spécialistes du secteur de l’automobile et plus globalement, des deux secteurs que nous avons classés prioritaires, celui du textile et de l’habillement et celui de l’automobile. C’est ainsi, par exemple, que nous travaillons avec le Cetime, notre centre technique des outils mécaniques et électriques pour aller dans le sens de la formation d’une main d’œuvre qualifiée, car, nous le savons, des dizaines de milliers de jeunes tunisiens, diplômés souvent ou non, ne sont pas nécessairement qualifiés pour ce secteur. Le plus urgent et peut-être le plus accessible aujourd’hui, pour nous, consiste à intégrer ces jeunes qui sont au chômage aujourd’hui, en leur fournissant une formation professionnelle complémentaire et qualifiante. Pour atteindre cet objectif, nous avons besoin d’un partenariat fort entre le secteur public et le secteur privé. La formation doit être adaptée au monde professionnel, aux besoins du secteur privé, et notre rôle, au sein du secteur public consiste à être au service de la Tunisie, du citoyen, et donc des professionnels. Amplifier les partenariats public-privé va dans le sens des efforts que nous sommes en train de fournir dans ce sens-là. Nous bénéficions d’ailleurs de plusieurs centres de formation professionnels en Tunisie et nous travaillons à les adapter pour les métiers d’aujourd’hui et surtout pour les métiers de demain.

Quelle est votre ambition pour l’industrie automobile tunisienne, elle se porte davantage sur l’implantation de sites industriels de construction automobile, d’équipementiers de rang 1, ou comprend également l’après-vente automobile, à la fabrication de composants et d’accessoires pour la rechange uniquement, ou encore au développement de groupes de distribution ?

Notre ambition s’adresse à toute la filière de l’industrie automobile et doit viser très haut. Parce que nous en avons les moyens, nous disposons de fondations très solides au niveau du secteur industriel, et notamment au niveau du secteur des composants automobiles, une tradition qui remonte aux années 70, période où nous étions pionniers dans ce domaine, au niveau africain, une position que nous partageons aujourd’hui avec l’Afrique du sud, nous sommes en effet, les deux leaders en Afrique pour l’exportation des composants en Europe. Nous devons continuer à bâtir sur l’existant, nous avons des fondations solides, nous avons le potentiel, et les chiffres en témoignent, ils sont importants, parce que ce genre de secteur emploie beaucoup de monde aujourd’hui. Nous avons, ainsi, 270 entreprises pour environ 80 000 emplois, ce qui représente 16 % de la main d’œuvre du secteur de l’industrie manufacturière, cela représente également un volume d’affaires très conséquent à l’export. Toutes les composantes qui sont importante pour nous en tant que gouvernement, à savoir l’investissement, la création d’emplois, l’exportation, la croissance et le développement économique et social définissent ce secteur. Il faut donc continuer à bâtir sur l’existant et, en même temps, avoir plus de marques de voitures, de véhicules… Le monde est grand, Il y a 200 pays, et tous les continents, les européens, les américains, les asiatiques, autant de potentiels investisseurs et, pourquoi pas, de futurs constructeurs automobiles installés en Tunisie. L’idéal consiste à voir plus de monde venir s’implanter ici, en Tunisie, pour monter des véhicules dans un premier temps, mais, surtout pour construire des véhicules. Nous sommes très fiers de voir la voiture tunisienne, la Wallys Car, exposée de manière très symbolique au centre de la foire, parce que cela prouve que nous pouvons construire des véhicules, et que l’on peut commencer par des petites séries, avec la souplesse et la flexibilité que requièrent aujourd’hui les nouveaux modèles, les nouvelles énergies. C’est symbolique et important à la fois car il faut un début à tout et je me rappelle des marques comme Kia, comme Hyundai, qui sont partis de très loin au regard de la construction automobile mondiale et qui ont su construire ce grand groupe, aussi parce qu’ils ont été aidés par le patriotisme national. C’est ce que nous essayons de faire également, j’illustrerais ce propos en évoquant l’actualité de ce week-end : notre chef de gouvernement a utilisé l’un de leurs véhicules samedi, c’était un message très fort pour encourager le Made in Tunisia en général, le fabriqué en Tunisie quel que soit le produit. On le voit avec la Wallys, on le voit avec le Pickup de Peugeot, un revenant très apprécié ! Il y a une vingtaine d’années, nous aimions les 404 bâchés qui était un véhicule très populaire en Tunisie, et qui s’est arrêté depuis. Nous sommes très heureux du retour du pickup Peugeot car ces véhicules sont très importants au niveau du continent africain et représentent un grand potentiel pour nous. Nous sommes sur plusieurs marques déjà, le pickup Peugeot, Mahindra, Isuzu, mais nous souhaitons évoluer également vers la diversification du secteur automobile et voulons encourager l’évolution de notre industrie vers le véhicule électrique, avec l’industrie 4.0 en général. Qui n’avance pas recule et nous devons continuer à évoluer.

Nos ambitions sont très grandes, parce que notre potentiel est là, nous savons que nous disposons de la matière grise, nous avons le know how et, aujourd’hui, il s’avère impératif de le faire savoir, d’actionner tous les leviers du marketing et donner les moyens indispensables aux industriels, notamment en matière de partenariat public privé, et tuniso-étranger. Sur les 270 entreprises implantées dans le secteur des composants autos et des pièces de rechange, environ la moitié sont des entreprises avec des participations étrangères. Encore une fois, il est très important d’avoir ce mix et ces partenariats.

  Propos recueillis par Hervé Daigueperce

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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