Tirsam, pionnier dans l’âme

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Entreprise de fabrication de remorques, de tracteurs agricoles, de chariots élévateurs et bien d’autres produits du secteur, Tirsam revendique son ancrage national et affirme ne rien avoir à envier aux fabricants européens. Ce que l’on a pu observer au détour des 300 000 m² qu’occupe la société !

A la tête de Tirsam, Samir Maala ne s’en laisse pas conter et si l’on osait un mauvais jeu de mots, il n’est à la remorque de personne. Tout jeune, plongé dans le commerce de la pièce de rechange, via l’entreprise familiale, il apprend à connaître le milieu de l’automobile en amont comme en aval, et, aussi, à discerner ce que l’on peut faire dans un pays comme l’Algérie. Car Samir Maala – on s’en aperçoit immédiatement – n’est pas le type d’homme à se plaindre d’une situation, à commenter des heures et des heures comment on aurait pu faire : lui, il agit et quand il commente, c’est pour dire qu’on peut tout faire en Algérie à condition de le vouloir, de se bouger, et aussi, faut-il le dire, d’être à l’écoute de son marché. Il a commencé la production dès 2007, tout en maintenant une activité de pièces de rechange, mais uniquement au service de sa clientèle. Au tout début de la production, il a tâté du blending, appris les process et les méthodes dans cette activité : « Nous avons été les premiers à faire du blending, en Algérie, dès le début des années 2000 – après Naftal – et si nous sommes un peu en retrait depuis deux ans, en raison de problèmes d’approvisionnement, nous reprendrons selon les demandes du marché. Nous avons également été pionniers en termes de fabrication de semi-remorques, j’essaie toujours d’être le premier à démarrer une activité sur le territoire, (en l’occurrence, c’était après SNVI), pour sortir de l’ordinaire. Si, l’on doit faire autre chose, ce sera en étant premier à se lancer, nous avons d’ailleurs des projets… » En somme, à Batna, on risque de voir encore bien des nouveautés !

A l’écoute du marché

Ne semblant pas avoir d’idées préconçues, Samir Maala aurait pu créer des sites de production dans bien des domaines, alors pourquoi les remorques qui nécessitent de l’espace, des volumes ? Samir Maaala répond si naturellement que l’on se demande pourquoi de telles évidences n’ont pas frappé d’autres entrepreneurs. Il commence par répondre que le marché était demandeur de remorques fabriquées localement, puis rappelle que les prix attractifs que peuvent offrir des sociétés internationales sont vite grevés par les coûts de transport, et ajoute que les matières premières dans ce type de fabrication sont présentes dans le pays. Et si l’on n’avait pas compris, il assène : « On a fait cela pour développer une nouvelle activité en Algérie, pour fournir du travail à plus de monde, ici. Notre pays a besoin de passer aux phases de fabrication locale, nous, nous avons simplement commencé il y a plus de dix ans ! » Lorsqu’on cherche à savoir quels sont les avantages, finalement, pour lui, à produire localement, Samir Maala les égrène simplement : « Nous avons de la place, et c’est capital car, pour des engins de si grands volumes, il en faut ! C’est d’ailleurs ce qui génère un autre avantage, celui du coût de transport, qui pèse chez nos confrères européens ou internationaux, nous bénéficions, en outre, d’exonérations fiscales, (exonération de 10 ans), d’une électricité peu onéreuse, d’une main d’œuvre compétitive, et globalement de toutes les facilités de l’État. » A l’en croire, ce serait presque facile, s’il n’ajoutait quand même : « il faut être un peu aventurier et comme c’est dans ma nature, ça me va bien ! J’ai besoin de créer, d’entreprendre, de faire quelque chose de nouveau. » Là, nous sommes totalement convaincus !

Du savoir-faire à revendre !

Démarrant ex nihilo, Samir Maala s’est entouré d’ingénieurs algériens, qui ont commencé dès le premier jour à travailler sur les logiciels de fabrication, et aussi de techniciens qui ont bénéficié de formations et prodiguent les nouvelles formations auprès du personnel recruté. « Bien sûr, commente Samir Maala, nous nous sommes inspirés des produits de la concurrence, mais, surtout, nous avons essayé d’adapter les produits européens aux routes algériennes, aux conditions du pays qui sont plus rudes. Le marché algérien recherche de la qualité et du prix. Grâce à nos ingénieurs, nous avons maîtrisé la qualité et nos coûts, qui sont inférieurs à ceux fabriqués à l’étranger. La matière première provient d’Algérie (acier), la production est effectuée ici, seule la partie mécanique est importée auprès des fournisseurs européens, chez qui tous les spécialistes s’approvisionnent. » Un autre avantage mérite d’être signalé : Tirsam a la capacité de servir quelque 5 000 entités par an et s’il le fallait, pourrait doubler sans problème cette capacité grâce à leurs sites de fabrication. Connu pour ses produits phare, les remorques citernes et à plateau, Tirsam a pu se lancer dans la conception de tracteurs agricoles et de chariots élévateurs, fort de son expérience et de sa notoriété. En outre, ce qui fait la fierté de Samir Maala, réside dans le taux d’intégration local soit 75 % en semi-remorque ! « Nous ne faisons pas partie des assembleurs, nous sommes des producteurs, » rappelle Samir Maala, avant d’ajouter : « Nous réalisons toutes les étapes, du façonnage aux soudures etc. Pour les chariots élévateurs, nous atteignons les 40 % d’intégration, 90 % pour les accessoires et pour les tracteurs, les 28 % parce que nous importions les kits. Il existe de nombreux secteurs, où on peut fabriquer ici les pièces » dit cet ancien pièçard, « comme les amortisseurs, les silent blocs, les ressorts à boudins, les plaquettes de frein, les disques, les tambours etc. Nous ne pouvons pas tout faire, tout seuls, parce que nous avons besoin de formation dans certains domaines, de technologies qui ont nécessité des années de conception, mais tout ce que l’on peut produire localement, il faut le faire. Nous voyons bien comment nous devons nous adapter, en concevant des remorques qui s’adaptent à tous types de camions, de tracteurs nouvellement sur le marché. Par ailleurs, nos clients transporteurs expriment des besoins que nous pouvons satisfaire en étant sur place, en échangeant avec eux ».

Des projets pleins la tête

Implanté dans les grandes villes que sont Oran, Alger … et via des distributeurs, Tirsam a aussi pris en charge le service après-vente. Il est impératif pour eux d’avoir des centres de maintenance. Tirsam, aujourd’hui, s’avère leader en fabrication de remorques, et en chariots élévateurs, et est très bien placé dans les tracteurs agricoles. Seule ombre au tableau, la « chasse » à l’importation a réduit les commandes de camions de la part des transporteurs, ce qui a réduit, mécaniquement, les demandes de remorques mais qu’à cela ne tienne, Samir Maala a déjà adapté sa stratégie : « Nous allons fabriquer des camions, nous sommes sur la liste complémentaire de la dizaine de sociétés pouvant être agréées, annoncées par le premier Ministre dans le dernier communiqué. Les camions évolueront sous notre marque, sous notre label, des camions différents selon les besoins du marché. Alors, bien sûr, la question de l’export se pose. Pour l’heure, beaucoup de paramètres sont à considérer, à commencer par le prix de vente, sera-t-il suffisamment compétitif par rapport à d’autres pays qui bénéficient d’aides ? Mais rien n’est impossible, à terme, et l’Afrique s’avère un grand terrain de jeu. En tous les cas, Samir Maala veut y croire et espère bien que ses enfants voudront un jour perpétuer l’entreprise familiale. C’est tout ce qu’on lui souhaite !

Hervé Daigueperce

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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