Saïd Mansour : « L’importateur assume tout, de l’amont à l’aval »

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Fort du constat simple de la solitude du chef d’entreprise d’une société d’importation de pièces détachées, Said Mansour, président d’EMSG et du Club Economique Algérien assume et nourrit tout de même de nouveaux projets. Il aimerait seulement que ses fournisseurs comprennent mieux la situation en Algérie…

Saïd Mansour n’est pas un homme aigri, il fait partie de ceux que les contraintes nouvelles poussent à réfléchir pour mieux rebondir. Il bénéficie également d’une force inégalée, celle d’avoir des enfants qui le soutiennent dans la vie de l’entreprise. Et puis, c’est un homme, également, que le bien commun anime au point qu’il confie souvent les rênes d’EMSG à Mohamed, son fils aîné, pour s’engager plus avant pour la filière de la distribution automobile, dans le Club Economique Algérien. Mais, pour l’heure, c’est un importateur étonné du manque de clairvoyance de certains de ses fournisseurs qui éprouvent des difficultés à comprendre la difficulté de travailler, aujourd’hui, en peine crise du Coronavirus. Il nous explique en quelques mots : « L’Algérie, depuis la baisse des cours du pétrole et la chute progressive du dinar, n’est plus tout à fait le pays – ou le marché – que les équipementiers imaginent. La crise de la Covid 19 a accentué les problèmes du pays sous plusieurs aspects, à commencer par une utilisation beaucoup moins importante des véhicules, notamment la nuit à cause du couvre-feu. Près de 40 % du trafic se faisait la nuit ! A cela, il faut ajouter la baisse du pouvoir d’achat de la population, parce que beaucoup ont été contraints au chômage, d’autres n’avaient pas les moyens de maintenir leurs activités et ont dû arrêter, sans compter qu’il y a eu aussi l’interdiction de quitter sa willaya, etc. Pour nous, importateurs, nous sommes confrontés à une double peine, à savoir le problème du recouvrement qui est dramatique actuellement, et le fait qu’il faille avancer l’argent des commandes de pièces dans le cadre du 120 % et du mois d’immobilisation financière. Qui se transforme, le plus souvent en 2 mois et demi, si on ajoute les délais administratifs de dédouanement et autres, sans compter la logistique, le dispatching … dans des conditions beaucoup plus complexes qu’à l’accoutumée ».

Un manque de compréhension

« Pourtant, ajoute-t-il, nous nous trouvons face à des fournisseurs qui nous mettent une pression énorme pour que l’on arrive aux objectifs, comme si rien ne s’était passé en 2020. Chez certains d’entre eux, le non-dit ressemble à une menace, visant à nous faire comprendre que si nous n’arrivons pas cette année à atteindre les objectifs, il y aurait d’autres distributeurs de la marque qui pourraient bien arriver. Je le regrette, parce que c’est l’importateur qui supporte toute la partie financière, et non l’équipementier qui est assuré d’être payé avant d’envoyer la marchandise, quand nous, qui avons avancé les sommes, courons après les règlements des clients. On aimerait donc un peu plus de compréhension de la part de nos partenaires équipementiers pour affronter la situation ». Cependant, Saïd Mansour l’assure, même s’il a accusé une perte de chiffre d’affaires, elle n’est pas de nature à remettre en cause quoi que ce soit dans la nature des contrats : « J’assure tous les crédits de la société aujourd’hui, alors qu’avant c’étaient les équipementiers qui supportaient les stocks. Maintenant, nous supportons tout, les stocks, les charges, les baisses du cours du dinar, le crédit, les changements de lois et aussi le risque. N’oublions pas que c’est l’importateur et lui seul qui supporte tous les risques des opérations ! Voilà pourquoi, on aimerait un peu plus de compréhension de la part de nos fournisseurs et un peu moins de pression sur les objectifs ! »

Toujours en course !

Néanmoins, après cette petite mise au point, Saïd Mansour n’est, en aucune façon, désespéré, et a mis à profit cette période de troubles pour lancer une vaste opération d’audits visant à améliorer le service à la clientèle et à optimiser la productivité dans l’entreprise, comme il nous le présente : « Comment faire pour trouver des mécanismes, des process pour améliorer notre gestion au quotidien ? Comment procéder pour améliorer la qualité de service au client, et optimiser le travail ? Nous avons profité des circonstances exceptionnelles dans lesquelles nous vivons pour remettre en cause notre manière de travailler à l’aide d’audits. » Pendant que les procédures se déroulaient chez EMSG, Saïd Mansour amplifiait ses démarches dans le Club Economique Algérien dont il est président – et qu’il continue toujours – en participant à la dernière tripartite, notamment, pour être force de proposition dans de nombreux domaines comme le crédit, ou relever les avancées du ministère dans l’importation des usines d’occasion par exemple : « les jeunes ne peuvent pas se lancer dans la création d’une usine neuve, la possibilité d’importer les machines d’occasion va leur donner plus de chance d’y parvenir. Et il faut encore aller plus loin via la formation des jeunes, un sujet qui est à l’étude avec Nexus International et que j’aimerais faire remonter au niveau du ministère. »

Pour la formation de mécaniciens diplômés

Pour Saïd Mansour, en effet, il est capital de mettre tous les efforts sur la formation des jeunes et surtout en mécanique et mécatronique. Il milite ainsi pour la création d’un centre de formation en Algérie avec le concours de Nexus International et de ses partenaires, centre qui serait adoubé par le ministère. « Pourquoi ne créerait-on pas une sorte de label, qui pourrait se traduire par un panneau sur les ateliers des mécaniciens disant par exemple, « mécanicien agréé par Nexus international ». Cela nous permettrait de travailler plus à fond sur la professionnalisation de la filière jusqu’au mécanicien avec l’aide des fournisseurs équipementiers dont les produits de qualité seraient plébiscités. » En dehors de ce projet de formation, Saïd Mansour attend d’en savoir plus sur Drive + pour se lancer sur la commercialisation de la marque de distribution de Nexus. L’idée de proposer une alternative de qualité pour les véhicules de plus de 5 ou 6 ans le séduit mais il aimerait encore en apprendre davantage sur les stocks, les fournisseurs référencés, etc. La sagesse du vieux sage, comme on dit !

Hervé Daigueperce 

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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