Nabil Bey Boumezrag, directeur du salon Equip Auto Algeria, et de Promosalons Algérie.

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Pour son dixième anniversaire, Equip Auto Algeria rend indirectement hommage à celui qui lui a donné son âme, son souffle, ses lettres de noblesse. Nabil Bey Boumezrag et Equip Auto Algeria, c’est une seule et même histoire, une réelle réussite de la persévérance, de l’abnégation et du savoir-faire. L’interlocuteur idéal pour Algérie Rechange.

Il n’est d’interview qui ne commence par le sujet principal :
Alors, avoir 10 ans, c’est comment ?

Je ne veux pas mentir, c’est pourquoi je répondrais que je ressens une grande fierté de fêter les dix ans d’Equip Auto Algeria, avec beaucoup d’exposants qui étaient là la première année, en 2006. Dans le monde des salons qui, comme vous le savez, bouge énormément, 10 ans s’apparente à, une consécration et aussi à une invitation à rejouer pour 10 ans de plus !

Equip Auto Algeria a aussi traversé les crises, subi les baisses de forme des uns et des autres, comment tenir le cap ?

Depuis 10 ans, nous avons toujours progressé et, même si nous avons accusé, une ou deux fois, des périodes de récession liées à la crise internationale, jamais la pérennité du salon n’a été remise en cause. Tant en nombre d’exposants que de visiteurs, nous continuons à progresser, et ces trois dernières années ont observé une courbe croissante. Ce qu’il faut ajouter, c’est que le salon a gagné autant en notoriété sur le plan national – les acteurs locaux apparaissent aussi difficiles à convaincre que les internationaux – que sur le pan international. Nous sommes, aujourd’hui, « référencés »,
comme le salon de l’après-vente automobile en Algérie et plus largement du Maghreb. Cela ne signifie pas qu’il faille relâcher l’effort, bien au contraire.

Le Maghreb revient à la une des préoccupations des grands groupes internationaux, cela constitue-t-il une menace pour l’activité d’Equip Auto Algeria ?

Au contraire, le renouveau de l’intérêt des constructeurs automobiles et des grands équipementiers appelle de nouveaux développements, et notre salon se veut une plate-forme d’échanges. Il est vrai que les pays voisins peuvent être intéressés par la création de salons, mais il n’est pas interdit de penser que le propriétaire de la marque Equip Auto, la Fiev (Fédération des Industries des Equipements pour Véhicules, ndlr) ait, lui aussi, des ambitions, mais il faudrait lui demander, cela n’est pas de mon ressort. De la même façon, l’élargissement du périmètre du salon à d’autres secteurs automobiles, comme la carrosserie industrielle ou au Poids Lourd etc. peut être envisagé. Ce qui ressort, surtout, de ces réflexions, réside dans une dynamique forte de croissance et c’est ce qui est important.

Comment se porte, justement, le marché en Algérie, aujourd’hui ?
Le marché se porte plutôt bien et demeure très attractif pour les acteurs internationaux. Avec plusieurs années à 400 000 unités vendues par an, le marché des véhicules neufs importés a baissé, surtout en 2016, par décision gouvernementale. En effet, pour relancer le marché intérieur, et contrecarrer les effets de la baisse des revenus du pétrole, les immatriculations autorisées seront divisées de moitié par rapport à l’an passé. Cette décision est à prendre en compte dans le prisme du marché national. L’Etat souhaite, en effet, qu’il y ait plus d’investissements de la part des concessionnaires automobiles dans la création d’industries, de sous-traitance industrielle. L’encouragement vers les co-entreprises est clairement indiqué.

La baisse de l’offre en véhicules neufs importés va générer un effet positif sur l’après-vente ?

Cette décision, sans aucun doute, va accroître l’intérêt de tous vers l’après-vente puisque les automobilistes vont garder plus longtemps leurs véhicules, donc effectuer plus de maintenance, plus de réparations, un atout manifeste pour notre secteur, qui s’accompagnera d’une  recrudescence de la concurrence. Les concessionnaires qui n’étaient pas, jusqu’à maintenant, très impliqués dans l’après-vente dans la mesure où la garantie de deux ans ramenait les voiture automatiquement à la concession, laissent partir les véhicules vers le marché indépendant après les deux ans. Aujourd’hui, ils vont essayer de les récupérer, peut-être par de l’extension  de garantie ou des services supplémentaires ? L’exemple du véhicule d’occasion a été très parlant à cet égard.

Comment se présente, à un mois de son ouverture, le salon ?
Toute la surface a été retenue, preuve de l’attractivité continue que génère Equip Auto Algeria et notamment auprès des exposants internationaux, qui sont encore plus nombreux que lors de l’édition précédente. De 2 600 m², en 2015, nous sommes passés à 3 500 m², ce qui est compréhensible, puisque presque la totalité des pièces de rechange sont actuellement importées, le marché s’avérant ainsi très attractif. Mécaniquement, d’ailleurs, puisqu’on a compté, l’an dernier, 300 000 véhicules de plus ! Le parc croît et se diversifie, appelant de plus en plus d’acteurs sur le marché.

Quels sont les pays qui arrivent en premier sur la liste des exposants ?

Si je me réfère à la surface réservée, la Chine s’invite à la première place, la Turquie en second, et la France en troisième position. En termes de mètres carrés globaux, ce sont bien  sûr les exposants algériens qui arrivent en tête. Il faut aussi prendre en compte le fait que, parmi les chinois, nous assistons à l’entrée en lice de gros exposants, un phénomène que l’on note aussi en Turquie. 

Chez les français, assiste-t-on à une recrudescence du nombre d’exposants à l’image de l’intérêt accru de leurs constructeurs Renault et PSA Peugeot Citroën ?

Nous assistons à une participation plus importante de la part des équipementiers internationaux qui exposent en propre, alors que beaucoup préféraient soutenir leurs distributeurs et importateurs exposants. Pour la France, nous comptons ensemble les sociétés françaises et surtout les filiales étrangères implantées en France et qui s’occupent du marché algérien, comme Mann+Hummel, Mahle, Philips, ou Kyb. Citons aussi le collectif français réuni par la CCI France, à savoir Clas, Solaufil, Algi, DPI, Soeximex, ou Auto France Parts. Sam Outillage est venu en direct comme Qaleo, Tradex France, Bilstein Group, TMD Friction, Honeywell Garrett, Meyle, Sachs ou encore Elring… J’en oublie… Côté exportateurs nous avons comme toujours, Automotor, Getco et bien sûr Soeximex. Nous regrettons l’absence de Valeo, pourtant souhaitée par leurs revendeurs et clients.

La formule « Village » attire–t- elle toujours autant de monde ?

Cette formule, comme vous le présentez, fonctionne très bien et nous pouvons nous féliciter de faire battre les pavillons Turcs, Marocains, Tunisiens, Chinois et Indiens dans les allées du salon, en plus des représentations françaises et polonaises. Je citerais aussi, pour évoquer leur soutien auprès des distributeurs, Total Lubrifiants, Renault Trucks, Motrio, Varta, Fiamm, ou encore Bosch.

Les algériens trouvent-ils leur place parmi tous ces internationaux ?

Ce sont eux, je le rappelle, qui disposent de la plus grande surface !
Ils sont de plus en plus nombreux et nous suivent depuis le début, je pourrais ainsi citer Benbott, Siad, Douadi Automotive, Euro Moteur, HA Auto Parts,  C&F Automotive, Djerbellou Soons Motors, etc. En outre, la plupart d’entre eux sont les clients des fournisseurs internationaux, comme importateurs de leurs marques et ce sont aussi les fournisseurs des grossistes, revendeurs, donc au final des réparateurs qui viennent sur le salon. Ils ont donc toute leur place et profitent à plein du rôle de plate-forme que joue le salon. C’est sur le salon qu’ont été lancés les concepts de co-entreprises  promus par l’Etat. C’est là que les importateurs retrouvent les équipementiers et fournisseurs voire futurs partenaires et aussi les institutionnels dont l’aide est souvent nécessaire. Pour information, je note que les turcs et les chinois se montrent de plus en plus intéressés par les co-entreprises à implanter sur le territoire national.

L’Algérie compte, il est vrai, peu de fabricants, à ce jour ?

Les fabricants sont peu nombreux dans le pays mais bien présents sur Equip Auto, je peux ainsi vous citer, CBS (batteries), Fabcom Batteries, Batteries Assad, Algérie Energie, et, dans le domaine des lubrifiants, Petroser et Naftal.

Avez-vous une idée du visitorat prévu pour cette édition 2016 ?
Nous attendons plus de
10 000 visiteurs professionnels et nous avons entrepris  toutes les démarches pour y arriver, notamment en engageant un gros budget communication presse et surtout radio. Pour 50 %, ce sont des distributeurs, importateurs, revendeurs de pièces et d’équipements de garage, et pour la quasi moitié des visiteurs restants, ce sont des gestionnaires de flottes et des propriétaires d’ateliers de réparation, et de carrosserie, de contrôle technique et de réparation rapide.

Que comptez-vous développer pour fêter les 10 ans
d’Equip auto Algeria ?

Il y a dix ans, quand nous avons commencé, nous avons placé le salon sous le signe de l’information, de la formation et de la sécurité. C’est ainsi, qu’un groupe d’équipementiers internationaux avait créé, pour l’occasion le « G6 », six fournisseurs qui faisaient à la fois la promotion de la pièce d’origine (de l’équipementier d’origine) et de la pièce de qualité d’origine auprès des distributeurs et revendeurs, pour que ceux-ci la répercutent auprès de l’utilisateur final via le réparateur. Ces messages contre la contrefaçon ou la malfaçon et pour la sécurité de l’automobiliste sont encore au cœur de notre problématique salon : sensibiliser, conseiller, expliquer. Le message doit être véhiculé par le visiteur qui distribue la pièce au client final. Lutter contre la contrefaçon, c’est éduquer le consommateur à bien consommer, la mission des professionnels consiste à protéger le consommateur. Et le salon, doit accompagner les professionnels exposants à promouvoir la professionnalisation de la filière en leur offrant cette plate-forme d’échanges. C’est pourquoi, également, nous avons organisé un cycle de conférences sur le salon, et prévu de donner beaucoup d’informations marché grâce à une conférence du Gipa. Les différentes animations s’intégreront dans l’animation globale du salon effectuée par les exposants, via des ateliers, notamment, qui s’appuieront sur les 10 ans, pour passer des messages et aussi promouvoir leurs produits et services.

En somme, c’est un grand cru qui se dessine ?

Les signes nous sont favorables, entre l’intérêt accru pour l’après-vente de tous les acteurs, et le dynamisme du marché d’une part, et, d’autre part, l’implantation annoncée de nouveaux constructeurs sur le pays comme PSA, Volkswagen, Hyundai Trucks (usine en production), Iveco, JAC etc. le salon a plus que jamais son rôle à jouer dans la réunion des professionnels de l’automobile de l’Algérie et internationaux. 

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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