Mourad Ouar, directeur général etablissements Ouar

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« Alors que l’offre est excédentaire par rapport à la demande, des fournisseurs ont pourtant élargi leur portefeuille clientèle à de nouveaux acteurs, ce qui cause mécaniquement un problème d’écoulement des marchandises. »

Comme à l’accoutumée, Mourad Ouar a répondu à nos questions avec la spontanéité qu’on lui connaît, tant il lui répugne d’adopter la langue de bois. Mourad Ouar parle vrai et préfère dire les choses plutôt que se réfugier derrière un discours bienpensant et hypocrite. D’ailleurs, il suffit de lire ses premiers commentaires pour son rendre compte : « Lorsque j’observe, à l’aune de mon expérience, le marché de la rechange, je me rends compte que celui-ci a atteint un seuil critique de saturation, où l’offre a dépassé la demande, et je dois avouer – ce n’est pas une critique mais bien un constat, qu’il existe un surnombre très important d’intervenants dont certains sont très professionnels, mais d’autres qui le sont beaucoup moins. Ceux-ci alimentent le marché, je dirais presque anarchiquement, sans aucune étude de marché ni suivi statistique, pour combler intelligemment les manques et la demande. Certes, nous nous en rendons compte, mais malheureusement pour nous, il est souvent trop tard et le marché sature parce que tout le monde surfe sur les mêmes familles de pièces et, souvent, s’approvisionnent chez les mêmes fournisseurs.  Alors que l’offre est excédentaire par rapport à la demande, des fournisseurs ont pourtant élargi leur portefeuille clientèle à de nouveaux acteurs, ce qui cause mécaniquement un problème d’écoulement des marchandises, avec bradage des prix, et son corollaire, les surcoûts financiers de stockage dans la durée. » Et Mourad Ouar d’énoncer les conséquences de cette situation : « Je peux ainsi affirmer que les dernières années n’ont pas été profitables, car la courbe des gains et de profits a considérablement fléchi, presque verticalement, sans oublier les effets de la dévaluation du Dinar qui nous ont été très préjudiciables et ont lourdement pesé sur les prix de vente, rendant difficile et handicapante notre tâche pour redresser la barre. » Pour revenir sur l’après-vente automobile en général, Mourad Ouar reconnaît que le secteur manque d’une certaine visibilité dans la mesure où « il n’y a plus d’importation de véhicules ni de montage depuis quelques temps. Je constate que la majorité des clients se sont orientés principalement vers les professionnels libres (les garagistes) et non vers les réseaux des concessionnaires qui ont, pour la plupart, ont mis leur activité en standby. »

Se maintenir contre vents et marées

Malgré tout cela, Mourad Ouar reconnaît que de son côté, « Nous avons plus ou moins assuré notre position dans le marché, avec des périodes de progression et d’autres de régression, selon les marques. Nous avons toutefois, parallèlement, introduit de nouveaux fournisseurs dans le marché, mais malheureusement la conjoncture Covid est passée par là et a faussé tous nos plans et quelque peu malmené le programme de développement que nous avions programmé. Ce qui ne nous empêche pas de réagir positivement. Nous avons ainsi quelques projets en cours de réalisation dans l’amélioration des services de distribution et dans la communication, s’appuyant sur des moyens modernes, projets que nous dévoilerons au moment opportun. » Revenant à la question des produits qui entrent sur le marché, nous avons interrogé Mourad Ouar sur la question de la contrefaçon, qui reste, selon lui, « un fléau  toujours d’actualité, très nuisible et perturbant pour la stabilité du marché, contre lequel il ne faut ménager aucun effort et continuer à le combattre jusqu’à l’éradication totale. Pour y arriver, il faut conjuguer toutes les forces des principaux acteurs professionnels en termes de communication et d’anticipation, en collaboration étroite avec les services administratifs étatiques de contrôle et de répression. » Et si l’on se projette vers l’avenir et l’imminence du retour de l’importation des véhicules neufs, Mourad Ouar nous répond : « Le développement et la croissance du marché de la rechange sont liés étroitement à l’importation ou à la construction des voitures. Ce sont des courbes qui vont de pair, et donc, nous espérons une relance et une reprise imminente des réseaux des constructeurs pour le renouvellement du parc automobile qui tend au vieillissement des voitures existantes. » HD

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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