Aux commandes d’Auto West Diesel depuis 16 ans, mais dans le commerce de la pièce détachée depuis 1991, Mourad Azri poursuit son travail et l’amélioration de la qualité au sein de l’entreprise, sans se laisser aller à la morosité ambiante. Cette année, il a même référencé trois nouveaux fournisseurs, une manière d’affirmer sa passion pour la pièce de rechange quoi qu’il arrive !
C’est vrai que son père a commencé dans ce métier en 1956, en étant chef magasinier chez Berliet, c’est vrai aussi qu’il s’est tout de suite plongé dans le commerce de la pièce de rechange en 1991, puis qu’il a fondé Auto West Diesel en 2004, c’est vrai, mais ce n’est pas tout. Ce qui anime Mourad Azri est bien plus profond, et s’appelle la passion du métier. Il reconnaît lui-même que ce qu’il aime faire par-dessus tout, c’est le commerce de la pièce et qu’il a nulle envie de faire autre chose. D’autant qu’il sait le faire, et plutôt bien comme en témoigne la croissance qu’il a su offrir à l’entreprise. Aussi, quand les temps sont durs, il relève le défi et se plonge encore plus dans l’exercice de son métier, sans être aveugle sur la crise que traverse l’Algérie aujourd’hui, comme il nous le confie : « Le besoin en pièces détachées automobiles est bien présent dans le pays, mais il est devenu de plus en plus difficile pour les automobilistes, d’opter pour de la pièce de grande qualité, parce que leur pouvoir d’achat ne cesse de baisser. Quand le dinar dévisse de 25 % en un an, un salaire de 3 000 dinars descend de 25 %, et il doit se débrouiller pour vivre avec moins de revenus, tout en ne sachant pas si les mois d’après ne vont pas voir le dinar chuter encore. C’est pourquoi, quand ils ont des pièces à changer, ils cherchent le moins cher, la pièce au moindre coût. Nous avons de la chance chez Auto West Diesel d’avoir constitué un réseau qui s’appuie sur une clientèle plus aisée et qui recherche la qualité, c’est ce qui nous a permis de ne pas perdre de parts de marché, mais il faut se battre. En véhicules légers, on s’en sort, mais pas en poids lourd, un secteur qui vit de plus en plus mal ».
Le poids lourd fléchit sérieusement
« Entre crise du pétrole, chute du cours du dinar et Covid-19, les grands chantiers privés et publics se sont arrêtés, immobilisant les flottes des transporteurs dont les chantiers représentent le gros de l’activité. Et tous les secteurs ont pâti de la situation, à commencer par les infrastructures et le bâtiment. Le transport routier est comme entré en hibernation, ce qui a tellement fragilisé les entreprises de transport qu’on compte beaucoup de fermetures ou des situations très fragiles. Même les grandes opérations de construction de logements de l’Etat ne fournissent plus de travail. L’Algérie n’a plus les mêmes moyens qu’il y a 4 ou 5 ans et c’est toute une chaîne qui se délite, personne n’engage de grands travaux, il n’y a plus de matériaux à transporter, donc les camions ne roulent plus et le besoin en pièces se rétrécit ! En revanche, le véhicule pour particuliers continue d’être porteur, puisqu’il n’y a toujours pas d’importation de véhicules neufs. Comme les transports aériens sont à l’arrêt, les TGV inexistants, que les autres transports en commun sont insuffisants face à la grandeur du pays, il n’y a que la voiture pour se déplacer aujourd’hui et tout le monde doit entretenir son véhicule et faire les réparations nécessaires pour le faire durer le plus longtemps possible. Les pièces pour véhicules particuliers ont encore de beaux jours ».
De nouvelles marques en portefeuille
Comme nous l’évoquions plus haut, Mourad Azri poursuit le maintien d’un catalogue produits adapté à la demande et n’a pas hésité à prendre le risque de référencer trois nouveaux fournisseurs. C’est ainsi qu’Auto West Diesel est devenu le distributeur exclusif de BGA et que l’entreprise commercialise également les produits Denckermann et les roulements Craft Bearings. Trois marques en plus qu’il positionne en cette année difficile, une prouesse ! Alors quand il entend que les revendeurs qui recommandent des pièces n’ont pas la trésorerie pour payer les factures, le scepticisme l’envahit… Le maché des pièces en Algérie fonctionne, qu’on se le dise !
Hervé Daigueperce
