A Dubaï comme ailleurs, Maroc Export épaule ses équipementiers à commercialiser ses produits à l’international mais aussi à engager des partenariats voire des co-productions. L’Algérie pourrait s’y intéresser…
A en écouter les responsables de Maroc Export, on se dit que les problématiques se ressemblent entre les deux pays appelés à s’entendre comme le rappelait le politologue Antoine Sfeir dans une grande interview accordée au magazine AlgerParis : « Le Grand Maghreb ne pourra jamais exister tant que l’Algérie et la Maroc ne s’entendront pas. Ils sont bien entendu condamnés à s’entendre ». En attendant de plus mûres accordances, il faut se rendre à l’évidence, le Maroc se déploie à l’International en s’appuyant sur les promesses engendrées par l’implantation de l’usine Renault et de certains de ses sous-traitants.
Maroc Export surfe sur cette vague en établissant des programmes annuels voire biannuels de visibilité de leurs équipementiers et en les soutenant via des pavillons marocains sur les grandes manifestations dédiées à la pièce de rechange et plus généralement à l’automobile. Organisant des rencontres, des séminaires des délégations, Maroc Export joue un rôle de lobbyiste intéressant et efficace. Sur Dubaï, l’objectif consistait à cibler le marché des Emirats Arabes Unis mais aussi de s’inscrire dans la dynamique d’exportation et de réexportation que ce « hub » international permet.
Rêvant tout haut de la voiture 100 % marocaine – en passe d’être lancée – les organisateurs misent également sur la qualité des fournisseurs pour devenir des acteurs de la fabrication dans d’autres pays, en défendant les efforts fournis en matière de formations spécialisées, universitaires et professionnelles automobiles : « La main d’œuvre marocaine se spécialise, se forme, se forge pour suivre les besoins en expertise et savoir-faire, requis au niveau international. Les équipementiers deviennent plus armés et souhaitent partager leurs acquis avec d’autres partenaires » commente Hind Faek de Maroc Export. A suivre en découvrant le parcours de deux exposants Flexi-Ressorts et Plastex (représentant aussi Siprof).
Flexi Ressorts, une société en prise avec le marché
Exposant depuis quelques années sur nombre de salons internationaux, participant à des délégations d’équipementiers marocains pour présenter ses produits à l’international, Flexi Ressorts envisage l’export avec de grandes ambitions, comme l’explique Mehdi Abali, directeur marketing et export de Flexi Ressorts : « Notre entreprise est très jeune, elle n’a que 17 ans et même si elle appartient à un groupe, présent dans l’automobile, depuis 1934, son activité reste récente. Cela explique que nous devions présenter nos produits de suspension VL et PL partout où l’on peut, en utilisant notre savoir-faire et la qualité des produits et services comme vecteur de développement (Flexi Ressorts emploie 100 personnes, ndlr). »
Certifié ISO 9001 par le TUV allemand, Flexi Ressorts investit énormément en recherche et développement, et également en équipements dédiés à la production. Ce qui est le plus étonnant, pour une entreprise familiale, c’est son management qui semble être inspiré des grands groupes internationaux japonais. En effet, l’entreprise a adopté un management participatif, grâce auquel chacun peut intervenir, proposer des solutions plus adaptées, dans le cadre des méthodologies établies par les dirigeants. « Tout le monde participe », commente Medhi Abali, « puisque tout est ouvert à de nouvelles formes d’amélioration, de complémentarité. En outre, nous sommes très attentifs aux reporting clients et commerciaux que nous évaluons systématiquement et avec lesquels nous faisons évoluer nos process. Aujourd’hui, selon nos clients, nous n’avons rien à envier aux fabricants européens ».
Flexi, de l’OEM à l’atelier
Flexi Ressorts a su atteindre un haut taux de qualité en travaillant en première monte pour les constructeurs (PL notamment) au Maroc ou en co-production avec d’autres constructeurs : « Nous nous sommes renforcés en termes de management et de productivité car nous travaillions de plus en plus avec les constructeurs » rappelle Mehdi Abali tout en rappelant leur rôle important en aftermarket : « nous nous positionnons, en termes de tarif, au-dessous des allemands, les référents du secteur mais au-dessus des chinois, avec une qualité bien supérieure que ces derniers. Je regrette d’ailleurs que les chinois bénéficient de conditions bien meilleures à l’export que nous, nous sommes en train de travailler, d’ailleurs, pour que nous puissions mieux lutter, à armes égales ».
Quant aux voisins très proches, Medhi reconnaît avoir lancé des offres vers des acteurs algériens et ne désespère pas, parce que leurs produits en suspension sont très appréciés, mais cela prend beaucoup de temps ! Parallèlement, Flexi Ressorts arbore une autre dimension particulièrement intéressante : ils sont aussi réparateurs, et organisés un peu comme des « Midas » mais pour le poids lourd. Ils disposent ainsi de deux sites principaux d’installation et de réparation et d’un camion atelier qui sillonne le Maroc. Et lorsque nous demandons si cette activité est transposable en Algérie, Mehdi Abali reste circonspect : « Nous avançons timidement vers l’export pour cette activité mais nous voulons atteindre une solide maturité auparavant ». Affaire à suivre !
Plastex, l’international dans la peau !
Lorsqu’on rencontre le directeur des ventes de Plastex, Omar Oulad Hadj Ali, on se rend compte tout de suite que l’homme est rôdé pour tout ce qui touche l’export, le chiffre d’affaires du groupe en témoigne, sur les deux cent millions de dirhams qu’ils réalisent, presque 65 % sont effectués à l’export. Leur présence sur Dubaï est d’ailleurs perçue comme une évidence : « Nous sommes bien implantés en Europe de l’Ouest, en France notamment grâce à notre partenaire, le groupe Todd, et aussi en Afrique du nord, en Egypte, en Libye, en Iran ou encore en Turquie, et nous sommes là pour viser le marché africain, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Cameroun. »
Spécialisés dans l’embrayage et le freinage, Plastex et Siprof sont bien connus en Algérie depuis les années 80, et tentent de prendre plus de parts de marché depuis quelques années, la fermeture des frontières ayant ralenti considérablement leur activité. Travaillant avec une dizaine de distributeurs dans les différentes régions d’Algérie, en Poids Lourd, l’idée consiste à progresser davantage en VL, en s’appuyant sur la qualité de production, une qualité reconnue car émanant de la première monte.
Plastex et Siprof compétitifs en qualité d’origine
Tourné vers la rechange, Plastex et Siprof ne renient pas, pour autant, leur position d’origine qu’ils conservent par ailleurs en Iran ou en OES avec Motrio. A l’origine, en effet, leurs usines, sont étrangères et travaillaient dans des groupes présents en première monte (Abex, par exemple, en France, avait été racheté par Ferodo), les process n’ont pas changé et la fabrication est envisagée sous le même angle de qualité et de process.
Aujourd’hui, plusieurs actionnaires sont propriétaires des sociétés mais la démarche se veut la même, y compris dans leurs sites de production marocains. Spécialisé dans les embrayages (les kits d’embrayage notamment) et le freinage (plaquettes et garnitures) pour le PL et le VL, le groupe a d’abord « servi » le marché marocain, depuis sa création en 1980 et, depuis, traverse les frontières en misant sur des prix attractifs pour de la qualité d’origine.
