Ferhah Motors Company reconstruit des moteurs Diesel, mais pas seulement

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Connue comme le loup blanc dans le secteur de l’après-vente automobile, la société Ferhah Motors Company accompagne depuis plus de 20 ans les professionnels, concessionnaires, entreprises publiques et privées, sur les problématiques liées aux moteurs. Conversation à bâtons rompus avec Ghani Ferhah, son directeur général.

Qui d’autre que son fondateur pour raconter le parcours d’une jeune entreprise familiale qui s’est lancée dans un métier hautement technique, à savoir la rénovation des moteurs Diesel mécanique et électronique, pour véhicules de transport et autres engins de travaux publics ?

Créée durant les années 1990 par les frères Ferhah, la société s’est d’abord spécialisée dans la maintenance, avant de devenir, en 2008, Ferhah Motors Company (FMC) composée de deux filiales : l’une centrée sur la réparation des organes moteurs et l’autre sur la distribution de pièces de rechange.

Ainsi selon son directeur général Ghani Ferhah : « La synergie entre les deux filiales permet au client qui se présente au comptoir pour effectuer un achat d’être aussitôt conseillé et orienté vers la filiale service. Il ne s’agit pas juste, pour FMC, de faire de la vente, mais aussi d’apporter un suivi et des conseils techniques aux professionnels ». Ferhah Motors Company maîtrise ainsi toute la chaîne et peut garder un œil averti sur la qualité des réparations, les coûts et les délais, apposant ainsi son empreinte sur l’un des secteurs les plus exigeants du marché, à savoir celui de la maintenance.

En perpétuelle évolution, FMC a décroché, en 2017, un important contrat avec Sonatrach, la plus grande entreprise du pays, pour son parc automobile. Dès lors, six profils hautement techniques sur les 32 personnes que compte cette PME familiale, sont affectés au site de cet éminent nouveau client, dans la willaya de Touggourt.

Pour Ghani Ferhah, qui a fait de sa compagnie une véritable alternative pour les concessionnaires, dont l’après-vente est laissée pour compte, le plus important est de s’installer au plus près des clients en créant un réseau de succursales. Une première a déjà été ouverte à Constantine, en attendant que d’autres projets voient le jour…

Quel taux de réparation faut-il atteindre pour parler de rénovation ? Quelle est la différence entre réparation et rénovation ?

Notre entreprise intervient dans les deux cas de figure. La maintenance passe du premier au quatrième degré. Du premier au troisième degré, toutes nos interventions sont effectuées sur les engins TP. Et vu la taille de ces engins, ce sont nos techniciens qui se déplacent sur les sites clients. Nous disposons d’une équipe itinérante et une autre dans nos ateliers.

Justement de quelle manière organisez-vous toute cette logistique ?

Les techniciens de la section mobile sont constamment en déplacement et interviennent sur le site du client. Généralement, ils effectuent des réparations du 1er au 3ème degré. Au-delà, pour des réparations plus lourdes, nous conseillons aux clients d’évacuer le moteur vers nos propres ateliers et avec nos propres moyens de transport. Notre métier a évolué grâce à notre partenariat, contracté en 2006 avec le motoriste Cummins. Depuis, nous avons mis en place tous les moyens nécessaires pour accélérer notre évolution avec un accompagnement à différents niveaux. Et cela passe notamment par la maîtrise des moteurs de nouvelle génération dotés de systèmes électroniques.

Pourtant, on entend souvent dire que le marché est majoritairement en Euro 1…

Avec le renouvellement et l’équipement des transports, le marché des grandes flottes automobiles est passé à l’Euro 3, ce qui a fatalement introduit l’électronique dans les moteurs. Sans compter les machines de travaux publics et les camions qui, eux aussi, disposent de moteurs électroniques. De notre côté, nous avons développé cette partie de notre activité depuis l’arrivée de Cummins en Algérie. Ce dernier nous a été d’un grand support pour la formation de nos techniciens. En outre, nous sommes dotés de l’outillage spécifique pour ce genre de réparation. Là, nous sommes en capacité de dire que nous avons vraiment investi dans la maîtrise de la réparation des moteurs de dernière génération.

Quelles sont vos capacités de réception et de réparation annuelles en atelier, mais aussi sur les sites de vos clients, afin que nous puissions évaluer le marché de la maintenance et son importance ?

Notre objectif mensuel au niveau de nos ateliers est de 4 moteurs. Mais nous arrivons réellement à réparer 4, voire 6 moteurs par mois, souvent de cylindrées importantes, de l’ordre de 102 à 170 mm. Je tiens également à signaler que notre activité après-vente s’est déployée depuis la restriction sur les importations des véhicules automobiles. En effet, les clients disposant de flottes se sont montrés alors de plus en plus regardants sur la maintenance de leurs parcs.

Qu’en est-il pour les moteurs de petites cylindrées ?

Nous avons beau être l’un des spécialistes les plus reconnus du moteur, nous avons finalement peu développé la partie maintenance automobile. Mais nous y pensons d’autant plus que la mécanique de base est la même. Ceci étant, chaque véhicule est spécifique et, de plus, il faut s’équiper pour pouvoir développer davantage ce business. De fait, nous préférons aujourd’hui rester sur notre domaine d’expertise. Il y a déjà beaucoup à faire, les gros engins évoluent et nous devons nous aussi évoluer afin de suivre leurs progrès technologiques.

Pourquoi alors avoir choisi d’être présent sur Equip Auto ?

Nous étions présents sur Equip auto depuis les années 2000, lorsque le salon était principalement axé sur la maintenance et la pièce de rechange. Mais au fil du temps, ce sont principalement les équipementiers et les distributeurs qui exposaient sur Equip Auto. En dehors de DS Motors partenaire de Bosch, qui est un acteur majeur dans la maintenance, nous ne voyions que des acteurs de la rechange, et c’est ce qui explique que nous ayons été absents du salon pendant un certain temps. Si nous y sommes revenus, c’est en qualité de distributeur de Cummins en Algérie.

Et pour ce qui concerne le marché du PL ?

Nous intervenons sur le camion depuis l’invasion du marché algérien par des marques chinoises. Cummins est présent en force en Algérie car il équipe l’essentiel de la gamme qui provient de Chine. Beaucoup ont critiqué la marque mais je tiens à informer via votre revue que les plus grandes usines du motoriste Cummins sont en Chine !

On dit que vous arrivez à la rescousse des concessionnaires qui négligent le SAV, est-ce la raison de votre existence ?

En effet, si le service des concessionnaires était structuré nous ne serions probablement pas là aujourd’hui. Dans certains cas, nous avons à intervenir sur des engins neufs, même dans le cadre de la garantie. Force est de constater que nous nous sommes développés grâce à ce point faible. Nous sommes par exemple devenus agent pour la marque Hyundai qui est équipée de moteurs Cummins. Et les interventions se sont multipliées avec le blocage de ses importations…

Le business de la maintenance a été beaucoup chahuté ces deux dernières années entre la crise et les nombreux crédits d’Etat contractés par les sociétés de TP. Qu’en est-il justement pour vous ?

Nous avons eu un bon plan de charge, mais nous avons été obligés de faire face à cette situation où des clients étaient en panne et il a bien fallu que nous les dépannions, ce qui a induit des plans de coupe budgétaire sur les importations. Comme nous sommes un maillon de la chaîne, si nos clients ne sont pas payés, nous sommes tout de même obligés d’intervenir pour eux afin qu’ils puissent terminer leurs projets, mais nos paiements se font aussi difficilement.

Où en êtes-vous de vos projets industriels ?

Nous souhaitons nous lancer dans l’industrie mécanique, en profitant de la politique incitative au développement d’un tissu de sous-traitance dans le cadre d’intégration. Et pour l’instant, nous avons trouvé un partenaire sud-coréen. La Corée du Sud regorge d’un tissu industriel de la sous-traitance automobile important. Mais chez Ferhah Motors Company, nous regardons surtout les opportunités éventuelles par le prisme de ce que nous maîtrisons. En l’occurrence, investir dans la fabrication d’un organe en périphérie du moteur, notamment sur la partie refroidissement, comme les radiateurs. L’idée n’est pas fortuite mais venue d’un constat de notre métier…

De quel constat s’agit-il ?

Cette idée est venue d’un constat récurrent de nos différentes et nombreuses interventions dans la rénovation ou les réparations. Souvent, les clients se plaignent d’une surchauffe du moteur qui est due, selon nos diagnostics, à un colmatage de radiateur. Les problèmes de moteurs et ceux des organes périphériques sont souvent liés l’un à l’autre. Le radiateur, par exemple, est un élément très technique. Une mauvaise réparation de celui-ci est à l’origine des problèmes de surchauffe moteurs. Pour notre projet, nous comptons produire des radiateurs, dans la première phase en ckd ensuite on passera au skd. Chaque étape a son coût. Le chemin le plus probable est d’abord de satisfaire la demande locale et ensuite de procéder à l’intégration avant de penser à l’export.

Pourrait-on savoir un peu plus sur votre développement industriel ? Se fera t-il sous la forme d’un partenariat 49-51 ?

Non, il s’agit d’un partenariat technologique, mais avec une société à capitaux 100 % algériens. Nous achetons le savoir-faire et les coréens auront juste à nous accompagner dans la fourniture de chaîne de production et dans la formation. Maintenant que nous avons identifié un partenaire, nous devons juste nous installer sur le marché de l’Aftermarket avant de passer à celui de la première monte.

   Karima Alilatene

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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