A&M Distribution appelle au calme et à la stabilité

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Etonné face aux mouvements de panique de certains équipementiers, mouvements qui ont abouti à une perturbation majeure du marché, Abderrezak AKROUNE, le président d’A&M DISTRIBUTION  aspire à plus de sang froid de la profession à l’extérieur, comme à l’intérieur du pays, pour le bien de la filière.

Déplorant, dès le début de notre entretien, l’impossibilité de se déplacer en dehors du pays, lui dont le développement de l’entreprise s’est construit sur l’apport d’innovations en termes de produits et de services glanés un peu partout dans le monde, Abderrezak AKROUNE évoque d’emblée d’autres soucis, tout en reconnaissant que « face à d’autres activités, le secteur de la pièce de rechange n’est pas le plus à plaindre », évoquant, en exemple, le domaine de l’événementiel. Toutefois, le chef d’entreprise averti ne peut que constater que la crise sanitaire se rajoute à une crise plus globale, que vit l’Algérie depuis quelques années : « Depuis la chute du cours du pétrole et la crise économique qu’elle induit, le pays s’est recroquevillé sur lui-même. La chute du cours du dinar – secoué à nouveau ce mois-ci – accroît encore les difficultés, ce qui a conduit les autorités à remettre à plus tard nombre de projets, dont ceux relevant du BTP, des travaux publics, de manière à limiter les coûts liés à l’importation des matières et autres produits semi-finis, qui attaque la réserve de changes. C’est ainsi que depuis trois ans, nous subissons l’arrêt de chantiers, et donc la baisse de l’activité camions en première ligne. Moins de bâtiments, moins de camions, donc moins d’entretien-maintenance et moins de pièces de rechange. A cela s’est ajoutée la transition  politique dont les conséquences se sont traduites par un report de nombreux projets immobiliers et d’infrastructures, puis La Covid 19 est venue aggraver une situation qui était déjà difficile à gérer. Tout le secteur du poids lourd a été impacté et les chiffres d’affaires des sociétés d’importation de pièces poids lourd ont singulièrement baissé. Nous n’arriverons pas à nos objectifs, cette année, même si nous avons travaillé tout le temps pour permettre aux camions et aux VU de circuler ».

Des équipementiers paniquent, le marché dévisse

Parmi les conséquences de la crise qu’on ne soupçonnait pas, il faut ajouter la panique de certains équipementiers – pas de tous fort heureusement – d’équipementiers appartenant à de grands groupes internationaux. Il semblerait que la question de l’incapacité à réaliser les objectifs a conduit quelques-uns d’autre eux à prendre des décisions désastreuses pour le marché, comme nous l’explique Abderrezak AKROUNE, en ces termes : « Je ne pensais pas voir de grands équipementiers réputés dans le monde entier perdre leur sang-froid à ce point, jusqu’à confier à des importateurs ne connaissant rien à nos métiers, la possibilité de vendre leurs produits, en face de leurs distributeurs réguliers. Il ne s’agit pas, en fait, de problèmes de concurrence, mais bien de décisions irréfléchies, dont l’issue était certaine : la dégradation du marché. Lorsqu’on donne la représentation d’une marque à quelqu’un qui ne s’y connaît pas, il veut vendre vite, et récupérer sa mise, quel que soit le tarif appliqué. Il s’agit de faire du gain rapide, de faire des coups sans se préoccuper de la tenue du marché. Des prix se sont effondrés, générant des stocks chez les distributeurs agréés qui assurent la disponibilité permanente des pièces pour les clients. On a vu des entreprises de BTP, de l’agriculture, du béton, ou des fabricants de parpaings se mettre à importer des pièces et quelques équipementiers (qui se reconnaîtront)  leur ont vendu ! Le plus dramatique étant que dans un marché où l’offre est supérieure à la demande, casser les prix s’avère catastrophique, puisque cela porte un préjudice aux entreprises en place, qui ont des locaux, des entrepôts, des ressources humaines, des charges et qui ne peuvent pas descendre les prix au risque de mettre en danger leur société et les emplois qui en dépendent. L’absence de déontologie de certains aura des répercussions des deux côtés. »

Un marché perturbé, des choix difficiles mais une résilience payante

Malgré les dérapages de certains, la plupart des équipementiers ont soutenu la distribution comme le rappelle Abderrezak AKROUNE : « Il est indéniable que certains de nos équipementiers de référence nous ont soutenus dans la crise que nous traversons et qu’ils traversent. Diesel Technic dont nous sommes le principal distributeur officiel en fait partie, par exemple. Il est vrai que nous avons également dû faire des choix, parce que notre trésorerie a été mise à rude épreuve. Avec la crise qui s’ajoute aux règles d’importation qui immobilisent jusqu’à 3 mois nos fonds – le mois légal est vite dépassé par tout ce qu’il y a autour, nous ne pouvions pas conserver le même taux de commande auprès de tous nos fournisseurs, et nous avons dû abaisser nos montants de commande pour pouvoir payer ce qu’on devait. Il faut savoir que le système mis en place par l’administration fiscale et douanière, tout en voulant réguler l’importation, a un impact direct sur notre activité. Tout d’abord par l’allongement de la durée de toutes les formalités que la crise sanitaire a encore accrue, et aussi sur le plan financier. Le taux de change évoluant très rapidement, nos clients se basent sur le prix annoncé à la commande, alors que nous sommes victimes de l’incidence de la chute des cours. Même quelques points sur un volume conséquent pèsent lourd sur notre trésorerie et nos résultats. » Malgré cela, A&M Distribution continue de servir ses clients en intensifiant le service rendu, comme en témoigne la dernière application lancée par l’entreprise, la première application dédiée au poids lourd (voir page suivante) conçue par Rayan Akroune, le responsable marketing et stratégie digitale, qui ne laisse pas de surprendre jusqu’à son père, mais, de cela nous reparlerons ! En attendant A&M assure en s’adaptant aux vicissitudes de ce marché perturbé.

L’ouverture à de nouveaux fournisseurs

Même si cela n’est pas lié directement aux désillusions engendrées par le manque de déontologie de certains, Abderrezak AKROUNE envisage son adhésion à Nexus International d’un autre œil. En effet, le patron d’A&M Distribution a vu le groupement se structurer de manière forte en Asie et notamment en Chine : « La structuration des équipes Nexus en Asie et l’arrivée de David Levy – l’ex responsable de l’Asie pour Automotor – nous sont apparues comme une opportunité pour tester les fournisseurs chinois. Sans les compétences des gens de Nexus pour effectuer les contrôles nécessaires et garantir la qualité des produits, nous n’y serions pas allés, cela aurait été trop dangereux et trop compliqué. En nous appuyant sur leur centrale d’achat là-bas, nous comptons étoffer notre offre propre en MDD. Pour l’instant Drive +, la MDD de Nexus n’a pas encore finalisé la partie PL. Peut-être que passer par Nexus coûtera un peu plus cher que si nous y étions allés seuls, mais nous pouvons garantir, ainsi, la qualité des pièces, c’est ce qui est le plus important. » C’est avec Nexus International qu’Abderrezak AKROUNE a vécu également son premier salon virtuel qui lui a apporté les contacts et informations qu’il attendait : « Les rencontres virtuelles sont un pis-aller, rien ne remplacera le contact physique, l’échange direct auquel nous sommes attachés, mais elles ont le mérite d’exister. Ces premières rencontres virtuelles nous ont permis d’avoir des web conférences, qui nous ont été utiles malgré quelques problèmes techniques et notre Internet qui nous pose souvent des soucis ! » Mais le patron de l’entreprise sait ce qu’il en est puisqu’il travaille également beaucoup en web conférences avec ses fournisseurs, lui qui a mis une partie de son équipe – essentiellement l’administratif – en télétravail pour limiter les contacts dans la société et les risques de contamination.

La fabrication, un combat de long terme

Conscient qu’une fabrication nationale ferait du bien à l’Algérie, Abderrezak AKROUNE n’est, cependant, pas encore prêt à se lancer par manque de visibilité, certes, et également le constat des récents échecs du montage automobile. S’il reconnait qu’il a lui-même eu envie de se lancer dans la fabrication de la pièce avec des partenaires européens, il attend de voir ce que le gouvernement édifiera en lois stables et durables pour convaincre d’éventuels partenaires à le suivre dans une nouvelle aventure. Et lorsqu’on lui parle de la construction d’une usine de poids lourd à moindres coûts, il n’y croit pas vraiment : « Pour que cela fonctionne, il faudrait des accords avec les pays voisins, il faudrait aussi revoir toutes les règles d’intégration locale, qui ont tant manqué à notre industrie que ce soit en VL ou en PL, cela fait beaucoup de si ! Je crois qu’il vaut mieux se consacrer à aider les PME à se développer et à grandir. » Et quand on lui parle de l’importation, de camions, il n’est pas volontaire parce que, d’une part, ce n’est pas son métier et que, d’autre part, il reste encore trop de zones d’ombre pour pouvoir se lancer. En revanche, créer une plateforme de maintenance, il n’y est pas opposé et s’en remet à l’avenir que porte avec enthousiasme son fils Rayan. A suivre donc.

Hervé Daigueperce

Hervé Daigueperce
Hervé Daiguepercehttps://www.algerie-rechange.com
Rédacteur en chef d'Algérie Rechange, de Rechange Maroc, de Tunisie Rechange et de Rechange Maghreb.

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